On garde notre motivation, nous voilà plus qu’à 760 km du désert d’Atacama, notre récompense Chilienne. Après ces péripéties vécues ces derniers jours, nous sommes prévenus des routes qui peuvent nous attendre et nous décidons de charger nos vélos comme des mules (eau, nourriture à foison) afin de ne pas avoir de mauvaises surprises.

Nous continuons aujourd’hui le long de la côte sous un ciel voilé créant une ambiance assez mystique.

Nous faisons face à notre deuxième véritable test de chien vs cyclotourisme. Alors que la route ne présageait aucun danger, outre un ennuie trop profond qui aurait pu nous faire somnoler sur nos montures, Nicolas a eu la chance de tester la montée en puissance de son rythme cardiaque et de son adrenaline.

Séquence émotion: “Je roulais tranquillement quand 4 bergers allemands ont commencé à me courser ! Je n’ai jamais eu aussi peur, je vous jure. Ces chiens ont une endurance de dingue! J’étais bien sûr en montée, j’ai essayé de faire des zigs zags, mais ces chiens continuais à me courser, de plus en plus agressifs et increvables. Là, vous n’allez pas me croire, mais un cinquième berger allemand est sorti de nulle part sur l’autre côté de la route. Un poids lourd était lui aussi en train de rouler dans l’autre sens. Devant mes yeux, bim… Je te laisse imaginer la suite …”

Depuis ce moment, nous sommes chacun armés d’une lance faite en bambou et sculptée au couteau. Le gang Rocket Bike est dans la place.

Ne sachant pas exactement quel itinéraire nous conviendrait le mieux, nous demandons de l’aide et des avis sur les différentes possibilités à deux camionneurs chiliens.
Le sketch commence ! Malgré nos portables, nos cartes et tout l’attirail pour leur montrer les différentes routes vers San Pedro d’Atacama, ces deux là ne jurent que par la vieille école, autrement dit un bon bout de bois, du sable et un tracé cousu main pour bien nous montrer à nous, touristes Français, que c’est le Chili est leur territoire et qu’ils le connaissent comme leur poche ! Chacun son opinion, la discussion part dans tous les sens, et nous finissons finalement par obtenir une réponse commune.

Nous décidons de longer la côte pour s’assurer d’une route plate et rapide. La route est agréable, l’air marin vient éveiller nos sens et quelques cadeaux s’offrent à nous, notamment une grotte venue tout droit de Pirates des Caraïbes.

Après 45 kilomètres, nous trouvons enfin un village du nom de Paposo où nous décidons de déjeuner. Nous testons le menu du jour pour faire le plein de réserves. Malgré la taille du village et du restaurant, ici, ils ne rigolent pas avec les menus. Nous nous faisons servir non pas un, mais mais bien deux repas pour le prix d’un (nous n’avions pas bien compris la différence entre l’entrée et le plat principal). Il s’avère que plus nous remontons vers le Nord, plus les prix et quantités de nourriture semblent intéressantes. Nous nous imaginons déjà en Bolivie avec cinq repas pour le prix d’un.

Regonflés à bloc, nous repartons longer cette côte. Il fallait compter bien sûr sur un imprévu pour changer tous les plans des jours à venir. La route que l’on souhaitait emprunter semble peu propice au vélo. Une autre route en direction d’Antofagasta s’offre à nous, tout aussi glamour. À vue d’œil et de mollet, elle fait peur, très peur. Nous voyons les camions monter avec peine, et nous imaginons déjà nos muscles se crisper et notre corps suer. Pas le choix, gardons notre motivation, il faut y aller. Tête dans le guidon sous un soleil de plomb, nous montons à travers les mines de charbons pour pénétrer dans un désert encore plus désert (oui oui ça existe). Après une ascension de 1350 m dans l’après midi, en partant de la mer, nous sommes un peu épuisés il faut l’avouer.

Nous rencontrons sur notre route un cyclotouriste aux allures de martien. Ce suisse semble être sur une autre planète, celle des fusées cyclotourisme et non rocket bikeur. L’homme est difforme, des jambes et des mollets complètement surréalistes et un vélo ayant vécu plus de 14 ans. On ne comprend pas très bien son itinéraire, mais on comprend qu’il va vite, très vite.

Cette nuit sera fraîche et mouvementée. Perchés en haut d’une mine de charbon, exposés à tous les vents, nous passons une nuit (non) réparatrice. Des rafales viennent secouer notre tente toute la nuit afin de tester la résistance du matériel Decathlon.

Fatigués mais debout, nous reprenons notre route sur la planète Mars chilienne, dans le néant. Les kilomètres s’enchaînent lentement, trop lentement, et cela nous démoralise un peu. Quelques moments viennent ajouter du boost et nous rappelle que l’on a bien fait de choisir ce foutu vélo comme moyen de transport. Paul se voit offrir un repas entier avec les ouvriers chiliens sur le bord de la route. Au menu, salade de saison et cassoulet délicieux, rien de mieux pour faire péter les kilomètres.

 

Cependant, cette journée restera d’une difficulté comme on en a encore rarement eu. Le désert nous réserve des surprises et pas des moindres, on le savait. À court d’eau et de provisions, nous improvisons un marché inversé sur le bord de la route où nous demandons tous types de produits aux voitures et camions. La technique est là suivante, trois grands sourires, un drapeau chilien, 3 français un peu amochés et sales, un brin d’humour, des bouteilles d’eau vides bien visibles et le tour est joué. 1 litre, puis 2 puis 3 puis 9, nous voilà à la limite d’une possible douche en plein milieu du désert. Nous profitons de la générosité des chiliens pour se faire offrir quelques gourmandises venant s’agrémenter à notre maigre dîner.

C’est l’estomac un peu trop vide après une nuit fraîche et venteuse à 2100m que nous repartons pour la dernière côte avant de rejoindre Antofagasta.

Nous rencontrons un couple chilien cyclotouriste au premier abord étrange, qui s’avère au final être une superbe rencontre. Ces deux là voyagent depuis un an, uniquement au Chili, en le visitant en long, en large et en travers, armés de leurs vélos montés sur sacoches cousues main (jerricanes d’eau comme office de sacoches), pour un poids total du vélo avoisinant les 70 kg… Nous profitons de ces deux gourous pour prendre des cours de cuisine et de survie dans le désert.

Après cette étape de 117 km au compteur, nous voilà de retour à la civilisation fatigués mais fiers de cette épopée ! Bienvenue dans ville d’Antofagasta, ville minière, bruyante et sale. Une bonne nuit de repos dans un hostel de la ville, et nous reprenons notre route vers San Pedro. Il nous reste 350 kilomètres avant de rejoindre le désert d’Atacama, et les parents de Paul, venus nous rendre visite.

La routine reprend et nos différents lieux de camping nous rappellent un peu plus à quel point nous sommes de toutes petites choses face à l’immensité des paysages.

Cette nuit n’est pas comme les autres, loin de là. Elle restera unique. Nous dirions même plus, elle nous en a mis plein les yeux. Perchés à plus de 2000 mètres dans les montagnes à quelques kilomètres de Calama, nous sommes les heureux privilégiés d’un phénomène rare, merveilleux et insolite. À la nuit tombée, alors que le ciel semble être tout à fait normal, un cercle vient se former autour de la lune. Nous ne le savons pas encore, nous restons émerveillés par ce spectacle gratuit et VIP. Nous apprenons le lendemain que ce phénomène atmosphérique insolite est appelé « petit halo » ou « halo de 22° ».

Leçon Rocket Bike du jour bonjour : le petit halo ou halo de 22° est un photométéore qui apparait comme un cercle lumineux autour du Soleil ou de la Lune à 22° de l’axe observateur-source. Il est causé par la double réfraction de la lumière provenant de ces sources et passant à travers une mince couche de cristaux de glace, comme ceux d’un cirrus. Ce halo naît quand la lumière du Soleil ou de la Lune passe à travers un cirrus ou un cirrostratus ayant des cristaux dont la forme principale est un prisme hexagonal de taille uniforme qui se forme à des température inférieure à -15 degrés Celsius. La trajectoire de la lumière se fait à travers les cristaux dont les faces forment un angle de 60 degrés. Le rayon incident dans le cas du petit halo entre par une des côtés de la colonne de cristal, subit une réfraction au changement de milieu et des réflexions internes avant de ressortir par une autre face latérale en subissant une second réfraction.

Bonne nuit les petits (version 2).

One comment on “Dernière ligne droite vers San Pedro de Atacama | Septième et huitième semaines d’aventure

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