Nous voilà de retour sur ce pavé goudronné où nous pouvons tracer notre route. Les inondations et les déviations ont laissé quelques séquelles… mais surtout de la crasse. Ça y est, on rentre dans le vif du sujet. Nous étions jusque-là un minimum propre, mais le manque de villages et de rencontres n’a pas arrangé les choses.

À la recherche d’un hébergement dans le village de Rufino, nous faisons connaissance de Luciano grâce à Alejandro rencontré la veille. À la tête d’une entreprise familiale dans la fabrication d’enclos en bois pour les élevages de vaches, Luciano est un vrai américain avec toute l’artillerie qui va avec (pick-up, motocross, poster de Schwarzenegger, crâne de buffle…). Ce dernier nous accueille les bras ouverts et pas seulement : après une visite de sa maison, lui et sa compagne nous font rapidement comprendre qu’ils nous laissent la maison entière pour la nuit (lits, machine à laver, douche). Nous voilà donc propriétaires pour une nuit… le rêve argentin ? Une douche, deux douches, quatres machines à laver, rien ne change. Le tee-shirt de Nicolas restera gris/noir jusqu’en août.

Toujours sur la Ruta 7, nous attendons avec impatience la montagne.

Les campings sauvages dans les champs de maïs commencent à être quelque peu redondants. De plus, un nouvel ennemi s’immisce dans nos vies : des petites boules piquantes pures produit du diable™. Elles auront finalement raison d’un pneu et du matelas de Nicolas ainsi que de toute la surface de notre corps.

Peu de cadeaux pour les yeux s’offrent à nous dans ces contrées. Cependant, une rivière à sec et un canal d’irrigation nous permettent de profiter de quelques moments pour le moins agréables.

En peu de jours, la solitude apparaît brutalement, bien des gens pourraient croire être sur le chemin de la démence dans de pareilles conditions. La Ruta 7 nous permettra d’apprendre les différents noms des animaux en espagnol que nous rencontrons sur le chemin. En effet, l’odeur des charognes en décomposition jonchant les abords de la route viennent éveiller nos 5 sens… Néanmoins, d’autres sont vivantes et bien vivantes ! Après de nombreux avertissements concernant les chiens en Amérique du Sud, nous voilà nez à nez avec notre première confrontation canine. Au coin d’une route, un doberman et un berger allemand nous fixent. On les regarde, ils nous regardent, on se regarde… Plateau 3, vitesse 9. Le compte à rebours est lancé. Usain Dog contre Lance Armstrong, après une forte dose d’adrénaline, ce sera finalement l’équipe Rocket Bike qui vaincra (de justesse).

Les jours se suivent et nous apprenons de nouveaux automatismes. La communauté de cyclistes en Argentine est très développée et nous avons bien compris qu’il fallait en profiter. Nous changeons nos plans d’action pour trouver un logement dans les villes étapes et fixons la règle numéro uno : trouver un cycliste et lui demander de l’aide.

Bingo ! Nous tombons sur Manuel, passionné de mountain bike. Après de courtes présentations, Manuel nous conduit vers ce qu’il appelle un camping. Naïfs et heureux, nous le suivons sans hésitation. Nous atterrissons dans le country club local où nos trois têtes et nos accoutrements douteux font contraste avec le décor (piscine, golf, tennis, restaurant…). Un mal pour un bien, nous ne passons pas inaperçus et nous rencontrons quelques minutes plus tard le gérant du country ainsi que les habitués. Nos sourires ravageurs plaisent particulièrement à un groupe de grands-mères qui se rappellent sûrement leurs soirées d’antan. Nous voilà accueillis pour la nuit dans les vestiaires de la piscine.

Le jour suivant, ça y est, le compteur affiche 1 000 km parcourus, 1/10 du projet ! Cette récompense viendra s’ajouter à une autre… Après des jours de pampa et de plaines, tel Capitaine Haddock armé de sa longue vue, nous apercevons enfin la montana et la ville de San Luis ! La joie est au rendez-vous, un nouveau chapitre s’ouvre.

Arrivés à San Luis pour faire le plein de vivres, nous faisons un stop au Walmart. Pendant que Nicolas et Corentin partent s’occuper des courses, Paul garde les vélos. Vélo du futur ? Homme bizarre ? Odeur corporelle ? Nous n’avons pas encore la réponse mais ici aussi, nous ne passons toujours pas inaperçus. Un homme croise le regard de Paul et lui demande s’il a besoin qu’il lui achète quelque chose à l’intérieur. Moment d’incompréhension, voilà la deuxième fois depuis notre arrivée que nous sommes pris pour des hommes en situation précaire. Après quelques explications sur notre projet, l’homme devient rapidement un nouveau fan. Au fil de la discussion, il nous propose un hébergement à 90 km de San Luis. Il est 14h, cela semble trop long mais nous ne pouvons pas refuser ce genre d’opportunités. Arrivés à destination en sueur, nous voilà escortés par un employé des douanes sur une portion de 10 km de route avant d’arriver à destination. Scène surréaliste, nous passons une soirée de rêve et une nuit dans l’immense salle des fêtes (officieuse) du gouvernement de San Luis. Sans hésitation, nous décidons naturellement de se mettre chacun à 50 mètres les uns des autres sur deux étages (oui, ça fait du bien de temps en temps d’être seul).

Après cette nuit plus qu’épique, nous mettons cap droit sur Mendoza, fruit de la vigne et du travail des hommes. Changement de décors, à nous les raisins à foison, la vitamine et la découverte des différents trésors de cette région. Nous filons à 30 km/h à travers cette région connue pour ses vignobles réputés être les plus beaux d’Amérique du sud. Nous ne sommes pas déçus du spectacle, les cépages immenses s’étendent à perte de vue dans des haciendas coloniales imposantes où le viticulteur s’est transformé en industriel prospère (même LVMH est venu poser son pied ici). On constate facilement le contraste France/Argentine. Ici, place aux hectares, les petites exploitations n’ont pas leur place. On parle en dizaines ou centaines d’hectares, les panneaux qui jonchent le bord des routes pour délimiter les exploitations nous le rappellent fièrement alors que nous n’avançons que trop lentement. Arrivés à la borne 1000, nous réalisons l’impact de nos détours : le compteur affiche 1269km.

À peine arrivés dans cette région nous décidons de trouver un lieu de camping dans les vignes. Pari réussi, Diego et sa famille nous ouvrent chaleureusement les portes d’un des vignobles. Nous arrivons à la période des vendanges, moment parfait pour découvrir et déguster toutes sortes de grappes. Nous ne sommes pas déçus, le raisin est exceptionnel et nous comprenons pourquoi… La météo est sûrement l’un des principaux facteurs du succès des vignes en Argentine : frais la nuit, soleil de plomb la journée. Et cette semaine, frais égal orageux. Très orageux. Notre tente Quechua fait son premier test de pluie (plus de 10 cm de précipitation en une nuit, patio à moitié inondé) et notre réchaud rend l’âme.

L’arrivée dans la ville de Mendoza nous replonge deux semaines en arrière lorsque nous devions sortir de Buenos Aires pour rejoindre la Ruta 7. Une fois n’est pas coutume, c’est notre ennemi el camionero qui vient tout gâcher. Nous en sommes donc réduits à regarder constamment nos rétroviseurs et à anticiper les intentions des chauffeurs routiers afin de trouver l’instant optimal pour se jeter dans les graviers faisant office d’une bande d’arrêt d’urgence.

Sains et saufs, nous pensons rester deux-trois jours dans la capitale du vin dans une superbe auberge de jeunesse avec piscine, Gorilla. Au programme : un jour de repos bien mérité, un jour de travail et un jour d’interviews.

7 comments on “Quand la pampa va tout va | Deuxième semaine d’aventure

  1. Dogue, berger allemand, camions, ça me fait flipper ! Vous faîtes de belles rencontres, les Argentins sont très accueillants et les paysages valent le détour. Courage pour le boulot et BON ANNIVERSAIRE mon Corentin ! Bises à tous les trois

  2. Bravo les gars! Quel récit palpitant! On a peur, on a chaud, on vibre avec vous…. c Est top vos aventures … On vous aime et on pense à vous
    Cat et jean

  3. Bravo les gars
    Vous avez fait le bon choix
    Profitez bien de vos bonnes jambes pour avancer
    Laissez tomber la tente que Chua pour dormir sous les étoiles et bonne route
    Ch Bréchignac

  4. Bonsoir les jeunes !! De la Belliere !! On sent le printemps les oiseaux chanter quand il y a du soleil et puis des grains nous rappellent l hiver et des arcs en ciel géants comme on voyait sur l océan. Les grands parents tte Brigitte et les 2 navigateurs vous remercient de ce beau voyage que nous partageons avec vos belles photos et commentaires !! On vous embrasse et aproveche..tata anne

  5. Bonsoir les jeunes !! De la Belliere !! On sent le printemps les oiseaux chanter quand il y a du soleil et puis des grains nous rappellent l hiver et des arcs en ciel géants comme on voyait sur l océan. Les grands parents tte Brigitte et les 2 navigateurs vous remercient de ce beau voyage que nous partageons avec vos belles photos et commentaires !! On vous embrasse et aproveche..tata anne

  6. Encore bravo ! Continuez bien votre route !!! 💋👨‍👨‍👦‍👦👨‍👨‍👦‍👦👟🐶🚴🏼🎽🚲🚲🌄

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