« Chers députés,
Vous avez l’honneur d’avoir aujourd’hui devant vous la caravane OulanBike. Forte de 4 robustes chameaux à roulettes, d’une grande tente bédouine décathlon, et d’une volonté de fer,elle s’apprête dans quelques jours à braver la légendaire route de la soie. Plan Carpin, DeRubrouck, Marco Polo, tous ils ont pris la route du grand est, celle de l’Orient mystérieuse etinconnue, de l’Asie secrète et fabuleuse, celle du plus grand empire de tous les temps, l’empiremongol de Gengis Khan ! Des déserts et montagnes dessinés sur les cartes, ils en ont sentis lachaleur et les pentes enneigées ! Des merveilles racontées par le lointain voyageur étranger, ils en ont découvert les multiples réalités !
C’est à notre tour aujourd’hui de prendre la route. Chant d’amour lancé à nos ancêtres nomades Croc magnons chasseurs-cueilleurs qui 10 000 ans avant notre ère courait encore le Mammouth dans les steppes glacés et vides de l’immense Eurasie, nous allons le temps de 6 mois expérimenter la vie nomade dans un monde devenu à jamais sédentaire. Chaque jour nous planterons notre tente dans une contrée nouvelle, là où nos vélos nous porterons. Dans un monde où tout va plus vite, où l’interconnexion numérique et l’impératif productiviste poussent à la rentabilisation temporelle, nous renouerons avec le temps long, avec ce doux branli branla des caravanes d’antan afin d’interroger notre relation au monde.
Mais notre caravane des temps modernes est à roulette car nous voulons promouvoir une autre forme de voyage. Une forme de voyage plus respectueuse des peuples et espaces que nous allons traversés. Avec le vélo, nous faisons le choix de la vulnérabilité. En permanence au grand air, le nez au vent, l’entre soi sera nulle et la rencontre avec l’autre facile. La bicyclette connue de tous et accessible à tous par son prix fera non pas de nous de « touristes » mais des« voyageurs » au sens plein du terme. Tels les pèlerins d’antan, nous gouterons aux charmes de l’hospitalité orientale et ferons confiance à nos hôtes pour nous donner une image authentique des réalités locales.
Enfin, le vélo nous permettra de montrer d’une manière pratique une croyance que nous portons, une conviction qui doit tendre à l’affirmation : changer nos habitudes pour aller vers une mobilité plus propre. Au terme de plus de 10 000 kilomètres, nous allons traverser la moitié de l’Eurasie avec une empreinte carbone absolument nulle. Ce défi là nous le réaliserons à la seule force de nos mollets et de notre volonté. Montrer par cet exemple un peu fou, que oui, il est possible de voyager, faire du tourisme, rencontrer et mener des projets ambitieux tout en respectant la planète. Nous espérons que la sueur laissée sur les cols du Pamir ou dans steppes brulantes de Mongolie, pourra inspirer d’autres jeunes après nous, sinon faire prendre conscience de la nécessité croissante de revoir notre façon de se mouvoir dans le monde. »

C’est par ces quelques mots que nous avons introduit notre intervention auprès du cercle d’amitié France-Mongolie de l’assemblée nationale.

Le mercredi 13 mars 2019, à 11 heures pétante, nous avions rendez-vous dans les locaux de l’assemblée au 101 rue de l’Université sur la rive gauche de la Seine. Arrivés un peu en avance, notre plus belle chemise glissée dans le pantalon, nous découvrons avec joie ce haut lieu de la vie politique française et notre petit cinéma se met en marche. Au coin de ces couloirs propres et de ces professionnels de la cravate et du costume bien porté, nous imaginons voir surgir nos silhouettes sales et suantes des prochaines semaines. Ce contraste nous fait sourire et nous rasons les murs.

Monsieur Stéphane Baudu, député de Loir et Cher et président du cercle d’amitié France-Mongolie a été l’initiateur de cette rencontre. S’y sont joints Monsieur Jean-Paul Dufrègne, député de l’Allié et Monsieur Batsaikan, ministre conseiller de l’ambassade de Mongolie en France et ancien ambassadeur.

L’échange a été amical et bienveillant. Après leur avoir présenté l’itinéraire et les deux missions du voyage : le Guide de l’Entrepreneur français expatrié et les interventions dans les lycées français autour de la francophonie ; ils se sont prêtés au rôle d’écolier en nous rédigeant des cartes postales. Touchantes marques de soutien pour nous, modestes étudiants ayant revêtus le blouson du voyageur au long court ; beau témoignage pour les élèves des écoles francophones auxquelles nous les lirons ; nous avons glissé ces précieuses missives dans nos sacoches et nous en prendrons soin. Sorte de témoin de notre long périple, si nous pouvons les amener saine et sauve en Mongolie puis les déclamer avec émotion devant la tombe de Gengis Khan et bien nous aurons l’impression d’avoir accompli quelque chose. Postier d’un nouveau genre, nous aurons montré que le monde est finalement accessible à coup de pédale et que ces deux beaux pays que sont le France et la Mongolie ne sont pas si éloignés que ça. Nous aurons instauré un lien entre ces deux faces du globe, un humble salut d’amitié.

Bien sûr, nous sommes dans la symbolique et nous avons bien conscience que le labeur des pédales nous ramènera bien vite à des considérations plus terre à terre. Néanmoins un peu de lyrisme avant de partir ne fait pas de mal, cela alimente le petit cinéma personnel, les Mamans tremblotent et nous avons besoin d’élan avant le grand bond. Demain nous posons la roue à Istanbul !

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