Un dernier sommet pour la route, récit de Paul et Nicolas

Après un col à 4200 mètres et une belle descente sur 100 km, notre pause dans la ville de Huaraz est bien méritée. Grâce aux recommandations de copains de l’EDHEC étant passés 2 mois auparavant dans cette ville, nous logeons dans le petit hostel de Humberto, un guide de haute montagne ayant à son actif les plus belles expéditions du Pérou. Nous profitons de son expérience pour obtenir des conseils précieux à propos des treks autour de cette région.

La région de Huaraz, avec Cordillera Blanca et la Cordillera Negra reste un incontournable pour tous les férus de trek et de grimpe au Pérou. Si nous sommes à Huaraz, c’est donc bien sûr pour effectuer le tant attendu Trek de Santa Cruz, une randonnée de 4 jours dans la Cordillère Blanche du Pérou. Rien de mieux pour marquer le coup après près de 6 mois d’aventure !  

Pas question pour nous de passer par une agence, nous effectuerons ce trek en autonomie complète et sans guide, car oui, chez Rocket Bike, on aime les défis. Après quelques courses au mini market, la location du matériel manquant, nous sommes fin prêts pour vivre cette expérience inoubliable. Les repas seront d’une diversité encore jamais connue, des pâtes, de la semoule et pour changer un peu, de l’avoine parsemée de raisins secs et d’amandes.

6h du matin, nous prenons la route à bord d’un collectivo sur une route chaotique.  Les conducteurs ici sont des vrais pilotes de Formule 1, mais on vous assure que l’adrénaline augmente dans chaque virage…

Le jour 1 consiste à remonter la vallée de Santa Cruz afin de monter progressivement en altitude. Nous longerons des rivières pendant toute la durée du trek, plutôt pratique pour l’eau. Complètement en retard par rapport aux groupes, nous avons le chemin pour nous, accompagnés par des mules et chevaux qui mettent le rythme. Décidément, ces bêtes sont impressionnantes et tracent leur route. Nous restons motivés et nous montons à une vitesse d’enfer en les suivant comme si c’était notre carotte. Si ça continue, le trek risque rapidement de se finir en trail de 2 jours.

Première nuit, premier spot de camping mythique. Nous dormons au cœur de la vallée bercée par le bruit de la rivière. Baptiste (Bauptista), roi du feu, se met à l’action pour nous réchauffer. Le paysage est beau, nous sommes entourés de montagnes abruptes, c’est un fond de carte postale.

Nous voilà au jour 2, celui qui nous permet de commencer à rentrer dans le vif du sujet, la montagne, la vraie, celle qui fait peur mais qui émerveille. L’objectif d’aujourd’hui est de dormir à une Laguna proche du camp de base de l’Alpamayo. Petite balade de santé, celui-ci n’est qu’à 12 km de notre point de départ. Nous partons après tout le monde afin de pouvoir vivre le trajet dans un dépaysement total.

Sans trop de difficultés, nous arrivons au camp de base où quelques tentes et alpinistes sont installés. On rencontre un couple suisse équipé de la tête aux pieds, chaussures à crampons, piolets, etc… ils s’apprêtent à se faire un 6000m. Rêveurs, nous garderons cet objectif pour les prochaines années.

Laguna nous voilà ! Après cette magnifique journée, nous découvrons ce paradis perché à 4000 m, cette étendue d’eau bleu turquoise dans laquelle tombe un glacier. On se croirait dans un film, mieux qu’Into the Wild, mieux que Google, mieux qu’Instagram, on en prend plein les yeux, c’est MAGIQUE, et on vous en fait même profiter un peu hehe!

Nous trouvons un spot plat juste en dessous où nous plantons notre tente après balayage des bouses de vaches. Baptiste et Nicolas rencontrent un chien et deviennent rapidement amoureux de ce dernier qu’ils nomment “Billy”. Le feeling semble beaucoup trop bien passer. Le chien sorti de nulle part décide de se joindre à nous pour la soirée puis de veiller sur nous toute la nuit. Situation plus qu’original, nous continuons la route le lendemain matin avec lui.

Il nous reste environ 27 km à parcourir avant la fin du trek. Jeunes, insouciants, naïf, et un brin d’imbécilité, nous voulons finir ce trek en 3 jours et boucler ces 27 bornes avant la fin de la journée. Problème, nous devons aussi monter le fameux col de Punta Union à 4750 m, et la route semble dans un état peu pratiquable. On tente le coup et on décide de voir l’avancée des choses. Chargés comme des mules, mais malheureusement sans aide, nous partons motivés comme jamais avec une sacrée cadence. Les 2 mois passés à plus de 3500 se sentent et nous nous sommes jamais sentis aussi forts.

Il faut maintenant redescendre sur ce chemin glissant. . C’est raide et la roche ne nous aide pas. Le sable et les cailloux nous font glisser, il faut rester vigilant. L’itinéraire est peu visible, Paul se perd et finit en glissade sur une dalle de pierre. Les bâtons de marche le ralentissent et le sauvent d’une catastrophe. A partir de maintenant nous ne ferons que de la descente ou du plat. Après 22 km à une allure d’enfer, nous réalisons que nous devons planter notre tente avant la fin du trek.

Dernier jour aujourd’hui et balade de santé. Nous avons simplement 5 km à parcourir avant d’atteindre le village. Il faut bien sûr des imprévus pour pimenter ce début de journée. Arrivés frais comme des gardons, pas de collectivos. Les locaux nous disent que ces derniers se trouvent au prochain village à un peu plus d’une heure de marche dont 600 m de dénivelé positif.

Arrivés bien épuisés, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Nous trouvons un mini bus ayant vécu 10 siècles. Serrés comme des sardines, nous partons pour 3 h de route sur une chemin rocailleux. Pour 5 euros, tu as donc le droit à une séance de powerplate made in collectivo péruvien, une ballade dans des lacets à 5000 mètres d’altitude digne d’un baptême de l’air et surtout une bonne bonne dose de stress, de sueur et d’adrénaline.

Retour à la case départ nous prévoyons de partir le lendemain matin pour la côte afin que Baptiste soit dans les temps son retour au Chili. Nous qui pensions avoir devant nous 155 km de descente au départ de Huaraz, c’est raté et bien raté. Huaraz étant dans une cuve, il faut avant tout remonter jusqu’à 4200 sur 35 km afin de passer un dernier col. Interminable, c’est le mot. Plus d’eau, plus de nourriture, au bord de l’hypoglycémie, nous arrivons au col épuisés et bien diminués.

La descente, plus belle récompense depuis 2 semaines, nous offre un beau spectacle. Nicolas frôle la catastrophe dans un virage serré en finissant sa route sur une glissade de 10 mètres. Plus de peur que de mal, il s’en sort avec simplement de belles éraflures soignées par les paysans du coin à base de graisse de porc et autres substances non identifiées.

Il est temps pour nous de laisser Baptiste et de partir vers le village de Huanchaco où nous resterons quelques jours. On réalise peu à peu que ce sont actuellement les derniers kilomètres à vélo sur ce continent. Snif.

Arrivés dans ce village de surf, nous rencontrons le premier soir Sylvie, une française voyageant depuis 13 ans en Amérique du Sud. Après une rapide présentation de notre projet, Sylvie nous recommande un endroit idéal où dormir, où se dépayser et vivre une expérience hors du commun. Sceptiques, nous cherchons à obtenir davantage d’informations… Le lieu se nommerait la casa compartir (maison du partage). Va-t-on dans un club échangiste ? Qui sait ? Curieux, nous décidons de tenter le coup et de toquer à cette fameuse porte. Il faut savoir que cette maison est impossible à trouver par soit-même, c’est uniquement par le bouche à oreille ou parce que Luis, le propriétaire vous trouve. Luis nous ouvre finalement les portes de son cocon, les bras grands ouverts. Il semble complètement déconnecté du monde qui l’entoure, ayant sa propre diététique maison et sa philosophie de vie bien personnelle. Auparavant surfeur professionnel, Luis est aujourd’hui sculpteur sur du bois flotté et cela se sent dans sa maison. Véritable bazar, ou plutôt déchèterie esthétique, on trouve de tout, et surtout beaucoup de choses absurdes et insolites. Après quelques échanges, on se rend rapidement compte que ces quelques jours seront authentiques et mémorables. Pas de papier toilette, c’est pas écolo, beaucoup de boissons  étranges censés vous donner l’énergie pour la journée mais surtout, surtout, quelques conseils qu’on entendra peut-être qu’une seule fois dans notre vie … Selon Luis, si vous buvez votre urine tous les matins, vous serez guéri de tous les maux et votre peau sera rajeuni de 20 ans. Bref, Luis est un sacré personnage d’une bonté incroyable.

Apres 3 jours chez lui, cela semble deja trop pour nous, il nous faut retrouver un espace de vie un minimum normal. Nous finissons donc cette semaine dans un petit hostel de surfeur.

Ca y est, le grand jour est arrivé, il est temps de se dire au revoir. Nicolas part rejoindre Corentin en Equateur tandis que Paul s’en va pour Lima où son avion l’attend. Nous parcourons surement les derniers kilomètres à vélo sur le sol péruvien et l’émotion monte. On réalise tout le chemin parcouru et cette aventure qui nous manquera très certainement dans les prochains jours qui suivent…

Coco sous les cocotiers, récit de Corentin

Après un petit bus jusqu’à Manta puis un autre petit bus de nuit pour Atacames, la dernière étape en vélo pointe le bout de son nez pour moi. Après 80km de montagnes russes (130-140m de montée et de descente tous les 6-7km) sous 30 degrés, j’arrive dans un petit paradis : Mompiche. Ici, c’est beau, c’est calme, on profite d’une plage de sable blanc et d’une de sable noir, les enfants font du quad à 10 ans et les pêcheurs sont partout…

Aux vues de la beauté slash tranquillité de l’endroit, j’estime avoir atteint mon objectif: trouver la plage parfaite pour me poser avant mon avion ! Article court donc pour moi, je dors. Et c’est après une petite semaine et à regret donc que je suis contraint d’abandonner ce petit coin de paradis et me réfugie à Quito pour mes derniers jours en Amérique du Sud.

Ps : restez avec nous, ce n’est jamais fini chez Rocket Bike ! L’article récapitulatif des 6 mois à vélo sera bientôt en ligne. Patience !

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