De Lima à la Cordillera Blanca, récit de Paul et Nicolas

 

Notre séjour à Lima fut finalement un peu plus long que prévu. Après avoir travaillé sur la rédaction des articles, la recherche d’entrepreneurs, le montage vidéo, et autres activés, place aux rencontres et interviews. Nous avons eu la chance de rencontrer de nombreux entrepreneurs expatriés, ayant des parcours absolument passionnants et insolites. On vous laissera découvrir tout cela d’ici peu.

Après un séjour agréable, où nous avons pu retrouver notre confort européen, avec une douche chaude, des bons repas et un lit par personne, il est temps pour nous de repartir à l’attaque.
L’adaptation, l’une des compétences clefs de ce projet. Voyager à vélo nous apprend sans aucun doute à nous adapter sans cesse aux différents environnements. L’environnement change chaque jour, en passant du confort quasi luxueux au froid, au vent, aux nuits longues et difficiles sous la tente… Il faut savoir dire stop au confort personnel du jour au lendemain, tout en restant enthousiaste.

Baptiste, un ami d’enfance de Nicolas, et d’école pour Paul, ayant fini son stage au Chili, vient se joindre à nous pour quelques jours afin de découvrir le Pérou d’une autre manière. Après maintes négociations dans le pire quartier de Lima, le voilà avec un vélo quasi neuf (pour femme), et opérationnel pour goutter au plaisir du voyage à vélo

Nous vivrons ces quelques jours à trois. Corentin ayant déjà eu sa dose de montagne, de froid et de dénivelé, décide d’aller longer la côte nord  afin de retrouver un peu de chaleur et des paysages différents. 

Vélos rechargés, motivation activée, nous partons dans les rues de la capitale péruvienne à la recherche du bus nous permettant d’éviter le trafic, les camions et autres éléments dangereux. 13 km à parcourir, en résumé, un enfer. Nos vélos deviennent des merveilleuses cibles , les chiens enragés, les camions, les pick-ups, tout le monde s’y met pour nous montrer que nous ne sommes pas les bienvenus.
Arrivés sain et sauf, nous prenons le bus sur une portion de 100km, nous menant à Huacho, une village côtière. Deuxième enfer. Alors que nous pensions éviter la périphérie de Lima, sa pollution et son trafic, nous tombons en plein dedans, sous un nuage épais. Pas de solution de secours, il nous faut empreinter la route nationale afin de longer la côte et remonter ensuite dans les montagnes.

Notre objectif est de rejoindre Huaraz, une ville perchée dans les montagnes de la cordillère blanche, afin de faire le trek Santa Cruz, un randonnée de 4 jours à plus de 4000 m d’alitude. Un dernier objectif de taille.
Petit à petit, nos coups de pédales permettent de changer d’atmosphère et de changer petit à petit de paysage. Ça y est, le plaisir du vélo revient, nous commençons à apprécier ce qui nous entoure.

On y est ! On rentre dans le vif du sujet. Des lacets, des lacets et encore des lacets.
On se prépare à 3/4 jours de montée afin d’être à temps pour le match.
Ça monte, c’est dur, il fait chaud, les mollets se durcissent, on transpire,  mais qu’est ce que c’est beau!

Nos supporters péruviens favoris sont là pour nous soutenir au bords des routes. Merci l’équipe de France d’être en finale, nous avons jamais autant eu de succès jusqu’ici.

On trouve enfin un oasis magique au cœur de ces paysages rocailleux. Après un petit passage sur un pont digne des courses poursuites dans Mario Kart (mountain DK), nous tombons sur un spot de bivouac parfait.
Les moustiques et moucherons sont de sorties et nous attendaient avec impatience. La bataille commence, on se fait dévorer les jambes malgré les produits.

Notre réchaud ayant rendu l’âme pour la fin de l’aventure, nous décidons de faire un feu afin de pouvoir cuisiner quelques coquilles Saint Jacques et un tourne dos. Le petit feu de transforme rapidement en feu de joie et dance de la Pachamama (appeler Baptiste pour toutes informations supplémentaires ).
La tente installée, le feu préparé, des moustiques et moucherons par millier, la soirée peut commencer !

Ce matin pour changer de la routine, une belle montée nous attend, et c’est loin d’être fini.
Après 1350 m de dénivelé positif, nous arrivons ce soir dans un collège où nous dormirons (dans la cour malheureusement…).


Lucho l’habitant du hameau nous propose de dormir ici et nous emmène jusqu’au portail. Celui-ci s’avère être fermé. Nous prenons donc la solution de secours, autrement dit longer le collège jusqu’au bout pour atterrir dans un petit chemin secret qui mène à l’intérieur. Les galères commencent, le chemin n’est en faite qu’un tas de pierres dans une pente raide, trop raide. Lucho semble n’y voir aucun inconvénient, au contraire cela le fait rire et nous encourage à descendre.

Nous voilà propriétaire de ce collège l’espace d’une nuit.
On rencontre Barnabeu (pas sûr de son prénom) et son chien qui nous rendent visite.
Barnabeu s’avère être le propriétaire des champs de piments autour du collège.
On profite de sa venue pour faire une petite balade nocturne afin de gérer les déviations d’eau pour que toutes les rigoles soient fonctionnelles.
Impressionné par nos équipements et notre tente, nous faisons face à un véritable questionnaire ,  » Et le vélo, combien ça coûte ? Et la tente ? « . Après une visite de la tente et du patio, Barnabeu semble conquit. 1h, 2h, 3h, il est toujours là, au coin du feu. On commence à sérieusement se poser la question : va-t-il dormir avec nous …

Réveil matin, 6h, la journée s’annonce sportive une fois de plus. Les routes plates et les descentes ne verront pas le jour avant une semaine environ. Au programme, une forte chaleur, des lacets à n’en plus finir et encore 1300 m de dénivelé à avaler. Pas le choix si nous voulons être fin prêt pour le match. La route est assez belle. L’agriculture semble être très orientée sur la culture du poivron et autres piments, couvrant les flancs de montagne de couleurs en les faisant sécher.

On y est, nous voilà au village de Cajacay peuplé d’environ 100 habitants. Sceptiques nous voyons ici un faible espoir de trouver une télévision fonctionnelle pour le match. Nous arrivons finalement au restaurant du coin qui nous affirme à 300 pourcents que le match sera diffusé. Nous resterons donc cette nuit afin d’assurer nos chances de le voir.

9h25, moustache taillée, baguette à la main, Marseillaise en cœur, nous nous dirigeons de pieds fermes vers notre fameux restaurant pour prendre le petit déjeuner aromatisé à la bière et réveiller ce village peruvien. 9h45, nous réalisons peu à peu le bourbier dans lequel nous sommes tombés. On nous annonce que le maire du village est censé activer le cable spécifique « football » et qu’à 10h, comme par magie, nous pourrons regarder le match. La tension monte de 10 crampons, nous décidons de parcourir tout le village en courant afin de trouver une solution de secours. Minute – 1, nous sommes finalement sauvés, Baptiste nous déniche une télévision au cœur d’un marché. La journée peut véritablement commencer. Les péruviens semblent clairement pour la Croatie, mais sont bons joueurs et heureux de voir 3 jeunes gringos dans leur bled perché. 90+5 minutes, on y est ! Yes !!!! Inattendue, Phénoménal, Intercosmique, chacun y trouve sa définition. Quoiqu’il en soit, merci l’équipe de France, vous avez été incroyable, on garde ce souvenir à vie, et les péruviens aussi.

La statue est disponible au musée Grévin de Pachamama (cherchez plus haut à gauche…)

Après une victoire bien fêtée à base de cerveza Cusquena, et un menu du jour à base de riz et poulet pour changer la routine, nous prenons notre courage à deux jambes et nous décidons de continuer l’ascension vers la lagune.
Nous dormons ce soir à 3000 m au pied de la rivière. Une fois de plus nous restons stochés comme des enfants devant ce décors digne des plus grands moments d’Into the Wild.

Réveil de bonne heure pour attaquer la dernière ligne droite (pas tout à fait droite) afin d’atteindre les 4200 m d’altitude. Après 1200 m avalée en 3h, on y est, fier et plutôt très heureux !

C’est magique, hors du temps, nous montons la tente en plein milieu d’un champ avec une vue imprenable sur les glaciers de la cordillère blanche. La nuit est glaciale, environ -5, et terrible pour nos estomacs. Il semble qu’une fois de plus, les menus du jour ne font pas bon ménage avec nos intestins et nos estomacs.


Fatigués, il nous reste heureusement que de la descente pour atteindre Huaraz. Après 80km à dévaler la route longeant la cordillère, nous arrivons dans cette cuve à ciel ouvert entourée de sommets culminant à plus de 6000m.

 

Looking for le Sunlight des Tropiques, récit de Corentin

 

Après plus de deux mois de vélo sans passer sous la barre des 3600m d’altitude, je décide de finir mon voyage au chaud. Quoi de mieux pour ça que de longer les plages d’Equateur avant de repartir de Quito ? Je sais pas. Vous non plus. Probablement pas grand chose.

Au programme : une côte de 500km parsemée de plages de sable blanc, plages de sable noir et autres plages de sable bleu-blanc-rouge (CHAMPIONS DU MONDE).

Premier pas : 18j de bus entre Lima et Mancora (plage au Nord du Pérou) avec les p’tits potes de Lima aka Pedro, Carlos et Princess Manon (on vous aime, merci pour l’accueil, krkr, etc). Après quelques galères pour faire accepter à la compagnie de mettre le vélo dans la soute, nous arrivons finalement à Mancora. Au milieu des tranquilles journées plages, voyages en tuk-tuk et soirées vient se glisser le premier vrai problème rencontré en Amérique du Sud : rentrant de soirée sur la plage (nb : ne jamais aller sur une plage de nuit en Amérique du Sud), je me fais accoster par deux policiers locaux cachés dans les dunes… Qui me disent que je n’ai pas le droit d’être sur la plage de nuit parce que c’est dangereux et que donc je dois leur donner de l’argent. Logique implacable. Après avoir refusé deux fois et étant persuadé n’avoir rien sur moi je leur dit qu’ils n’ont qu’a fouiller mes poches. Après m’avoir fouillé ils me laissent donc finalement partir. Ce n’est qu’en me réveillant le lendemain que je me suis rappelé que je venais de retirer et que mes 200 soles (60 euros) avaient disparu. Se faire voler par des flics corrompus : check !

Après 2 jours à Mancora, je reprends donc un bus de 12h pour mon point de départ sur la côte équatorienne : Montañita, aka la ville balnéaire des grosses soirées d’Equateur avec une boîte dans le top 50 mondial. Oops.

Point info : en Équateur, la monnaie courante est l’USD (dollar américain), donc tout est beaucoup plus cher qu’au Pérou et ça fait mal (logements 5-10 USD, repas le midi 3-4 USD et le soir 6-10 USD).

Après quelques jours dans l’antre du diable, me voici à nouveau sur mon pas si fidèle destrier. L’objectif de la journée : 60km en partant à 14h pour arriver autour de Los Frailes, une des plus belles plages de la côte. Ça semblait facile, sauf que je n’avais pas prévu de les faire sous une pluie tropicale m’attaquant sauvagement dès l’entrée des 10km de jungle au début du parcours. Résultat : 3 chutes sur moins de 15km alors que je n’avais chuté qu’une fois en 6000km auparavant… Les jambes se mettent à saigner, et mon moral de même. Après avoir hésité à faire demi-tour, je me décide à persévérer et me retrouve dans une ville vide, dans un hostel vide, de qualité médiocre et bien trop cher (10 USD). Je fais toute la ville à 19h et finit par me rendre à l’évidence : impossible de trouver de quoi manger, tout est fermé. Pour combler le tout, les probables seules 2-3 habitants de cette ville fantôme n’hésitent pas à mettre la musique à fond aux alentours. La nuit sera longue.

Le jeun de la veille n’ayant clairement pas remis mon moral en état après cette sale journée, je me décide à repartir à Montañita après avoir visité les plages de Los Frailes et ses alentours. Pour le coup je ne suis pas déçu, les plages sont désertes, le sable est blanc, la température de l’eau est incroyable et le soleil est au rendez-vous.

 

Je reste donc un peu trop longtemps et ne repars qu’à 15h30. Avec 4h de route devant moi (les mêmes 60km avec un petit 1000m de dénivelé total), je finis par arriver de nuit après avoir à nouveau essuyé une bonne pluie tropicale sur le tronçon de jungle.

Après avoir, aux vues du temps, carrément hésité à rester travailler à Montañita, je finis par repartir en vélo rejoindre une backpackeuse anglaise qui remonte aussi sur le Nord de la côte… Au même endroit que la dernière fois. Troisième fois sur la même route, troisième pluie dans la jungle. Miam ?

Au programme des prochains jours : rejoindre Mompiche, une autre des plus belles plages d’Equateur !

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