Nous passons 5 jours à San Pedro de Atacama, stop mythique et non négociable pour la fin de ce périple Chilien. Les parents de Paul nous rendent visite accompagnés de sa sœur Amélie, la surprise du voyage ! Nous profitons de ce moment tous ensemble pour visiter un maximum de sites.

Au programme :

Jour 1: Lagunes et balade à travers la vallée de Jere (Quebrada de Jere), un oasis de verdure en plein milieu d’un canyon.

 


Jour 2 :  Randonnée dans la Vallée de la lune et ses sentiers incroyables, où règnent la liberté, le silence et la variété des paysages.

 
Jour 3 : Lagunes Miscanti et Miniques à plus de 4100 m. Le spectacle est splendide, nous croisons sur notre chemin vigognes et lamas.

 

Le salar et les lagunes de Chaxa, l’occasion de voir des flamants roses dans une lagune digne d’une carte postale.


Jour 4 : Valle del Arcoiris (vallée arc en ciel), un endroit encore peu fréquenté des touristes qui nous offre la possibilité de voir un feu d’artifice de couleurs éclatantes dû aux différentes roches (pyrite, cuivre,calcite, oxyde de fer…)

 

Après avoir étudier les différents itinéraires possible pour rejoindre la Bolivie et sa capitale la Paz, tout en passant par les points mythiques comme le désert de sel, nous optons pour un retour sur la ville de Calama qui nous permettra de rejoindre la frontière bolivienne au niveau de la ville d’Ollaguë.
Nous profitons des parents de Paul pour faire le trajet en sens inverse en voiture, avec nos vélos dans le coffre. Petit problème, nous sommes 6,  ainsi que les trois vélos, accompagnés de tous les bagages. Impossible de rentrer tout le matériel dans la voiture. Qui dit problème et imprévu dit solution ! La solution est vite trouvée, Nicolas motivé comme jamais, souhaite faire la route tout seul à vélo et goûter une nouvelle fois au voyage en solitaire. Nous le laissons donc partir une journée avant, afin de le retrouver le lendemain à l’aéroport de Calama.

Il est temps pour nous de quitter le confort, les bons repas, ce désert absolument grandiose et la famille de Paul, pour se remettre dans notre routine tout aussi palpitante. Il suffit de quelques jours de pause pour réaliser que les jambes sont lourdes, et qu’il va falloir reprendre les bonnes habitudes afin de monter sur l’Altiplano Bolivien.

Un peu plus de 200 km nous sépare de la Bolivie, mais surtout un mur géant, culminant à plus de 4000 m (voir 6000m pour les sommets). San Pedro était donc une étape parfaite pour s’acclimater à l’altitude et commencer à faire des stocks de globules rouges.  

C’est parti ! Nous retrouvons Nicolas, heureux, mais un peu épuisé par cette épopée. Il nous raconte son trajet, notamment la montée infernale de 35 km, dont un peu plus 1300 m de dénivelé positif, ainsi que sa nuit seul dans cette tente XXL à 3200 m d’altitude.
Nous repartons après un passage au supermarché pour faire le plein de nourritures, car la route s’annonce une fois de plus assez vide et sans ravitaillement. Vélos chargés, motivation activée, ciel dégagé, la dernière ligne droite vers la Bolivie peut commencer !

La route semble réservée pour nous, nous croisons à peine 15 voitures/camions sur l’ensemble de la journée. La vue sur les montagnes enneigées est à couper le souffle (il ne vaut mieux pas…) et nous fait oublier le vent de face.
Ce soir, nous dormons dans un refuge 5 étoiles trouvé par Corentin, parti en explorateur de spot de camping. Incroyable, nous tombons sur une maison faite de pierres, de pailles et de bois, perchée à 3530 m d’altitude, avec une vue 360 degrés sur le Volcan San Pedro.  Reconvertis en trois petits cochons, nous passons un bon coup de ménage dans l’habitacle et le tour est joué. On y est ! Nous voilà propriétaires d’une nuit dans cette bâtisse assez cosy, il faut le dire. La nuit fut fraîche, -4°C au compteur, mais restera inoubliable et insolite.

 

 

 Nous continuons notre route vers la frontière en traversant les vallées majestueuses entourées de volcans et sommets culminants à plus de 6000m d’altitude. Bien que la route soit absolument désertique, elle nous offre un spectacle incroyable à chaque virage, et casse la monotonie des montagnes traversées dans le désert Chilien. Les alpagas, vigognes et autres espèces viennent s’ajouter au décor pour le rendre encore plus merveilleux.
Nos corps et notre souffle s’habituent progressivement à l’altitude. La route nous fait battre notre record détenu jusque là à la frontière chilienne au sommet du Cristo Redentor. Nous voilà à 4005 m d’altitude. C’est dans ce genre de moment que l’on réalise que tout est possible à condition d’y croire et de se donner les moyens de réussir. Le vélo nous emmène dans de sacrées galères, mais aujourd’hui comme d’autres moments, cela en vaut la chandelle. On prend le temps d’admirer les paysages, de profiter d’un silence qu’on ne retrouvera peut être jamais ailleurs, de respirer un air frais et pur, et d’avancer au rythme de nos jambes.

 

  


Afin de continuer dans les spots de campings de luxe, nous arrivons dans la soirée dans un village semi-abandonné. Un petit tour de terrain, personne à l’horizon. Nous trouvons une pièce abritée, mais bien poussiéreuse, qui fera l’affaire pour ce soir, avec en prime une bouteille de bière Cristal de 2007 (testée, mais non approuvée).
Il est de plus en plus difficile de se lever le matin avant que le soleil soit au rendez-vous. Les gourdes de nos vélos sont gelées. Nous comprenons rapidement que nous allons devoir nous équiper de la tête aux pieds pour ce nouveau pays.

 


Après une cinquantaine de kilomètres à longer le salar Ascota et une voie de chemin de fer, nous arrivons dans le village d’Ollaguë, dernière étape avant la frontière, où nous espérons trouver refuge. On se croirait dans un film, une musique résonne au haut parleur, une mairie, une gare imposante, peu d’habitations et quelques visages, sûrement curieux de l’arrivée de trois joyeux français à vélo. C’est le Far West Chilien ici !

 


Nous nous présentons directement auprès de la municipalité (ou plutôt du Shérif) et nous jouons de notre charme pour trouver de l’eau et surtout un logement pour ce soir. Nous souhaitons continuer sur notre magnifique lancée et éviter de monter la tente à la frontière… Nicolas utilise son talent en espagnol pour la partie négociation et revient tout sourire, bingo. Nous logeons ce soir dans une salle de jeux, salle des fêtes, salle à tout faire, nous ne comprenons pas très bien cet endroit, mais nous avons un toit, et on peut vous dire qu’on est content !

 Il est temps pour nous de changer de pays, de monnaie, de culture, de nourriture, de paysages. Problème du jour, aucune banque, aucun distributeur, et nous avons seulement l’équivalent de 10 euros pour vivre, le tout en pesos Chilien, bien évidemment. On nous indique que la prochaine banque est à plus de 250 km, dans la ville d’Uyuni, qui n’est pas sur notre itinéraire. La tâche se complique sérieusement. Le maire adjoint nous propose de faire un virement en échange de dollars US mais la connexion internet semble vouloir nous dire que celui-ci n’est pas possible.

La chance nous sourit, nous rencontrons juste avant notre départ, vers le poste frontière, un couple retraité sud africain, ayant voyagé dans plus de 40 pays à bord de leur Land Rover, aménagé pour parcourir le monde dans un confort XXL. Nous leur exposons notre projet et nos problèmes actuels. Soudain, l’homme à l’allure de Clint Eastwood va chercher au fond de la boîte à gants son portefeuille, et nous sort 10 000 pesos (environ 13 euros). « Prenez ça, si cela peut vous aider ! Vous me le rendrez si on se croise sur le Salar d’Uyuni ! Sinon, vous offrirez cette somme à une autre personne sur votre chemin  » nous dit il.  » Gênés et surpris de ce geste, nous acceptons ce cadeau au vu de notre situation, et nous remercions ce couple en les aidant au poste frontière, pour la partie traduction anglais/espagnol.

Bolivie nous voilà ! Heureux comme des gamins, Nicolas, 10 m devant nous, avec un grand sourire, commence à faire la course vers le panneau “Bienvenido en Bolivia”. Un coup d’oeil à gauche, un à droite, nous rentrons dans son jeu. Malgré son avance, il finira dernier, seul et triste. A première vue, ou plutôt aux premiers coups de pédales, la qualité de la route change drastiquement. Ici, fini les routes goudronnées, place aux chemins de terre parsemés de nids de poules (que dis-je, nids d’autruches). Nos vélos vibrent comme le moteur d’une 2 CV après 10 ans d’inactivité, les boulons se dévissent, les bouteilles d’eau et autres éléments accrochés aux vélos tombent, bref une bonne séance de marteau piqueur Bolivien.

Après une pause déjeuner sur le côté du salar censé nous mener au village de San Juan, nous décidons de prendre un itinéraire tout droit et tracer nous même notre route dans le salar. Corentin de son côté finit par prendre un petit chemin notifié sur l’application maps.me.

Nous vivons un moment de liberté rare et épique, seuls face à l’immensité du Salar. Nous avalons les kilomètres sur ce sol digne d’une piste d’atterrissage.

Le temps passe, le sol devient de plus en plus mou et difficile, et nous ne retrouvons pas Corentin. Tout semblait trop beau pour être vrai (une fois de plus).
Paul et Nicolas aperçoivent Corentin à 3km au loin. Sans réfléchir, Paul met toute son énergie pour le retrouver. C’est un échec. Nous voilà maintenant chacun de notre côté, tous perdus de vue. Chacun décide de prendre son itinéraire et cela semble être un autre échec. Les derniers kilomètres sont terribles, nos vélos s’embourbent dans le sable et le sel.  Plus de peur que de mal, nous finissons par arriver dans le village de San Juan avec un peu plus de 30 min d’intervalle chacun.

Nous logeons ce soir dans un hostel très salé. Ce dernier semble être entièrement construit de sel, de terre, et de cactus. Vers 21h30, quelqu’un toque à notre porte. Moment d’incompréhension qui finira par être une excellente surprise. La gérante de l’hostel nous propose les restes du dîner. Nous sommes servis comme des rois et nous pouvons finir cette première journée bolivienne sur une note plus que de parfaite. 

 

3 comments on “Vamos a Bolivia | Neuvième semaine d’aventure

  1. je rêve avant de m’endormir… muchas gracias y muchooooosss besitos

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