Lundi 25 :

Seconde semaine, dès le lundi : notre premier départ à la fraîche.

Le centre-ville de Playa del Carmen nous accueille et offre un air frais rempli de senteurs encore inconnues et réservées aux lève-tôt. De chaque rue, restaurant, magasin, végétal ou produit ressort une odeur particulière, une identité. Notre odorat nous guide, la vanille des cocktails au Rhum nous enveloppe avant d’être mis en appétit par le poulet grillé entouré de cette fine tranche de maïs. L’ombre encore vaste et répandue des cocotiers nous récompense pour notre réveil rapide. Cependant, nous devons garder à l’esprit que le soleil, à peine apparu, file déjà vers son point culminant. Vite ! La course est lancée.

Nous nous élançons à pleine vitesse sur la quatre voies longeant le littoral. Inconsciemment, les premières sorties nous ont fait prendre des automatismes : des “pauses eau” à l’ombre après dix kilomètres parcourus, des prises de relai régulières et surtout une vérification de l’attache des sacoches. Notre équipement est lui aussi devenu plus performant grâce à notre bronzage. Un short renforcé et un t-shirt ont remplacé notre carapace de tissu qui nous couvrait de la tête aux pieds. Malheureusement pour nous, le bronzage rime aussi avec de sublimes traces de short…

Cancun et Playa del Carmen maintenant dépassées, nous pensions trouver un paysage plus authentique, préservé mais il n’en est rien. Au contraire, des hôtels d’une taille frôlant le déraisonnable bordent désormais la route. Un d’entre eux, nous force même à nous arrêter, totalement abasourdis. Un mur de pierre, d’une hauteur de vingt mètres et s’étalant sur deux cents mètres, est placé sur un rondpoint spécialement pour le complexe hôtelier. Au-dessus de l’entrée est annoncé, grâce à un affichage gigantesque lui aussi : “Hôtel cinq étoiles avec golf 18 trous et piscines”. Autour, des fontaines projetant des jets de toutes parts sont réparties sur une pelouse verte parfaitement entretenue. La cassure avec le paysage aride, desséché et brûlé par endroit est stupéfiante. Un ralentissement de voitures louées se forme, nous ne sommes pas les seuls distraits par cet édifice.

La particularité des routes de la Riviera Maya est qu’il est impossible d’y apercevoir la mer. Pour remédier à cela, nous prenons une sortie à l’heure du déjeuner pour nous faufiler entre les villas, manger notre pique-nique rapidement sous un arbre et atteindre enfin la plage.

Malheureusement et avec grand regret, nous apprenons, après notre repas, que la totalité des plages sont depuis peu privées. Nous nous mettons d’accord pour continuer notre chemin et profiter du littoral plus tard, lorsque l’accès ne sera plus payant.

La journée ne pouvait pas se conclure sans un petit souci technique… En effet, après plus de quatre-vingts kilomètres, le GPS indique une distance restante d’un kilomètre, nous passons donc sous la flamme rouge ! C’est le moment qu’a choisi un modique bout de verre de pare-brise pour s’offrir une seconde existence. Celui-ci, a tout d’abord traversé entièrement le pneu arrière d’Alexandre puis a percé la chambre à air, qui, en une poignée de seconde se dégonfle entièrement. Nous sommes donc condamnés à marcher vers notre refuge sous plus de 35 degrés.

Cet effort supplémentaire a le don de nous démotiver pour notre recherche de plage, nous entrons dans le camping aménagé que nous avons réservé. Une première nuit en extérieur nous attend ! A peine arrivés, les moustiques nous expliquent très clairement que nous ne serons pas seulement deux sous la tente. La toile intérieure aspergée d’anti-moustiques, nous partons à la recherche d’équipement de plongée pour la journée de repos et de visite du lendemain.

Edouard rentre en jeu et use de ses talents de négociateur ! Dans chaque magasin traversé, pour le même ensemble qui regroupe un masque et un tuba, il réussit à faire augmenter le prix à chaque fois. Alexandre impressionné par ce talent se met à l’écart pour laisser faire l’expert. Heureusement, un vendeur spécialisé nous propose de louer le matériel pour un prix bien inférieur et avec des palmes en supplément. Le négociateur fou avait raison de garder espoir !

Dans l’euphorie de cette réussite, nous croisons par hasard une boutique de vin tenue par un français que nous interrogeons dans la foulée.

Autour d’un tacos classique accompagné d’une Corona nous organisons ensuite un programme de visites chargé pour le lendemain.

Mardi 26 :

Nous profitons de ce mardi de transition pour mettre des images sur des lieux dont nous avons entendu parler lors de nos rencontres. Équipés pour la plongée, appareil photo et drone en poche, nous chevauchons nos vélos et prenons la direction de notre première étape : Le Grand Cenote.

Certes touristique mais surtout incontournables, les cénotes sont des sources d’eau douce naturelles et souterraines. La péninsule du Yucatan en compte plus de 10000, nous ne pouvions pas traverser cette région sans découvrir l’un d’entre eux. Autrefois lieu de rituel Maya, les cenotes sont aujourd’hui surtout utilisés pour se rafraîchir et parfois avoir la chance de partager une baignade avec d’étranges compagnons.

Le site que nous visons est situé à seulement cinq kilomètres de notre camping. Motivés pour découvrir cet écosystème avant qu’il ne soit envahi par la foule, nous passons le tourniquet et enfilons nos palmes dès l’ouverture. Nous accédons au ponton aménagé en dessous de la surface terrestre grâce à un escalier en bois. L’eau translucide, encore fraîche regorge de tortues, poissons et plantes colorées en tout genre. Les reptiles marins nomades, se promenant eux aussi avec leur abri sur le dos, n’hésitent pas à plonger en profondeur. Envieux, nous les rejoignons sans plus attendre, tout en gardant nos distances puisque nous ne sommes pas chez nous !

Edouard, trop impatient, perd sa palme mal serrée dès sa première plongée. Nous passons plusieurs longues minutes à scruter le fond sans réussite. Résignés, il est temps de reprendre notre découverte. Deux accès à la surface sont reliés par une grotte qu’il est possible de traverser. Nous nous élançons et, au-dessus de nos têtes, pendues par les pieds, des chauves-souris entament un balai à notre passage. Le décor devient de plus en plus oppressant et lunaire. Le peu d’obscurité enlève toute couleur. Sous l’eau, l’équivalent des stalactites de pierres noires et blanches, parsemées de petits trous permettent aux plus courageux de se frayer un chemin. Les murs apparents en surface et délimitant l’espace de baignade, laissent place à des fausses sans lumières où seuls nos regards osent s’aventurer.

Une heure a suffi pour que les cars déversent le flot de touristes habituel, impossible désormais de nager la tête sous la surface, nous sortons de l’eau et prenons quelques photos. Ces deux heures accompagnés par ces reptiles marins ont fini par nous mettre l’eau à la bouche. Par chance, nous retrouvons la palme d’Edouard posée sur un rocher juste avant notre remontée. Raison de plus pour entamer, dans la bonne humeur, nos provisions prévues pour la journée.

Le vent dans le dos, la transition vers notre seconde destination est une véritable partie de plaisir. A peine annoncée, nous prenons une sortie sur la gauche de la route et nous nous enfonçons dans une mangrove épaisse. Un vigile nous interpelle pour que nous déposions nos vélos, la suite se fera à pieds.

Quelle découverte ! Nous qui pensions avoir eu notre lot de surprises pour la journée, nous ne nous attendions pas à un tel spectacle. C’est une nouvelle fois à l’aide d’un ponton que nous accédons à notre objectif du déjeuner. Les lianes entrelacées, dégagées artificiellement pour laisser un chemin vers l’Océan, se dissipent puis disparaissent. Le bord de la côte est recouvert de cocotiers, de maisons avec un toit de paille et plonge dans l’eau avec un sable d’argile blanc. Digne des plus belles cartes postales ! Fin du casse-croûte, série de photos recouverts d’argile et plans au drone, nous restons efficaces tout en profitant de ce cadre paradisiaque.

Les ruines des temples Maya situées proche de notre camping nous attendent encore. Un tacos habituel nous requinque puis nous entrons donc dans le parc historique de Tulum. Nous y contemplons les vestiges en pierres partiellement détruits. Ce sont les iguanes qui nous tiennent compagnie cette fois-ci.

Nous sommes surpris par la petite taille des portes et par le peu de hauteur sous plafond, Alexandre se dit bien content de ne pas avoir vécu à cette époque. Nous rejoignons la plage pour y faire une pause en attendant la fermeture du parc. Les algues déposées sur le sable par les vents très puissants de la semaine passée repoussent la foule, ce qui nous laisse un semblant de répit.

Sur le chemin du retour, nous rencontrons un couple de baroudeurs à vélo. Eux aussi français, ils sont partis en juin d’Alaska et viennent de revenir de Cuba. Une longue discussion commence et nous en profitons pour récolter des astuces pour la suite de notre voyage. Nous rentrons ensuite pour prévoir avec précision la journée du lendemain, cent-trois kilomètres sont au programme ! La nuit est entamée tôt pour nous offrir les forces suffisantes.

Mercredi 27 :

L’empressement du matin est devenu un rituel mais non innovons cette fois pour le petit-déjeuner. Avoine et fromage blanc sont ajoutés à la brioche au raisin, nous suivons les conseils de la veille !

Alexandre règle une dernière fois ses pédales automatiques, elles offrent plus de puissance et moins d’efforts, surtout sur de longues distances. Tous les deux maintenant bien équipés, nous sommes prêts à en découdre. Initialement nous devions parcourir quarante-deux kilomètres mais nous avons pris la décision de sauter une étape. En effet, notre temps au Mexique est compté, notre avion pour Los Angeles est déjà réservé et décollera le 26 mars. Nous voulons rejoindre Valladolid dès ce soir.

Le premier marathon est franchi sans embûche, la route est droite et surtout empruntée par des cars. Seules les jambes d’Alexandre se sont réveillées un peu en retard. Ce piquet est obligé de s’étirer au premier ravitaillement. La suite nous a surtout marqué par le changement d’atmosphère et de décors.

Le Mexique authentique se dresse devant nous. La chaussée déjà parsemée de détritus depuis Cancun, est recouverte dorénavant d’une épaisse couche de déchets. Régulièrement, et de plus en plus fréquemment, des cadavres de chiens et autres animaux jonchent la ligne blanche extérieure. L’odeur accompagnant ces animaux, sans vie, accentuée par la température très élevée, nous fait tressaillir. Plusieurs scènes font entièrement disparaître notre état d’esprit détendu, acquis grâce à la façade utopique mis en place sur la Riviera Maya.

Lors de notre troisième “pause eau”, nous apercevons un arbre recouvert d’une quinzaine de charognards au plumage noir intense. D’autres survolent en cercle la zone et les derniers se passent le relai et dévorent des restes sur la route, lorsque l’espace entre les voitures le permet.

Nous passons ensuite proche d’une ville en cherchant un lieu ombragé pour notre pause déjeuner. Plusieurs femmes accompagnées d’enfants sont placées au point d’arrêt du feu qui permet de bifurquer vers les habitations. Un petit garçon vient nous demander un peu d’eau et quelques pesos. N’ayant que peu de réserves en eau pour ces cent kilomètres et le strict minimum de pesos en poche, nous n’avons que notre sourire et notre bonne humeur à offrir. Son regard rempli de joie en voyant nos vélos, malgré la journée éprouvante qu’il vit et ses questions, que nous ne comprenons pas concernant probablement notre route, nous chamboulent. Nous parcourons les prochains kilomètres dans le silence, le regard vide, perdu.

Après plusieurs minutes de remise en question et pour nous changer les idées, Edouard connecte son enceinte à son portable et déclenche sa playlist personnelle. Un morceau de Dadju suffit pour redonner de l’énergie, de la bonne humeur et de la motivation !

Quatre heures après notre départ, nous arrivons dans le centre de Valladolid. Le décalage horaire nous a fait perdre une heure et arriver trop tôt pour investir directement le logement qui nous accueillera pendant les deux prochains jours. Une heure n’est pas de trop pour nous désaltérer et reprendre notre souffle dans une chaleur étouffante.

L’hôte nous accueille. Très aimable, ce dernier nous recommande des lieux où manger et un cenote peu connu à visiter. Nos affaires déposées, nous allons nous dégourdir les jambes dans les rues adjacentes puis dans la place principale. Edouard en profite pour fouiller dans chaque magasin à la recherche d’un sac à dos pour remplacer le sien. Il dégote un sac multicolore qu’il ne négocie même pas tellement il est sous le charme. Impossible de passer dans une rue commerçante sans se faire alpaguer par chaque personne sur place avec cet attirail. Nous cherchons désormais aussi deux drapeaux mexicains pour les accrocher à nos sacoches. Nous rentrons bredouilles pour ce point.

Jeudi 28 :

Les prévisions météorologiques pour ce jeudi annoncent des températures élevées et une nouvelle fois un taux d’humidité de 100%. Nous tentons de rafraîchir notre chambre pour y effectuer les tâches de la journée. La principale occupation sera une nouvelle simulation complète de notre itinéraire jusqu’à l’arrivée à Toronto le 15 août. Nous pouvons désormais y intégrer des données plus précises sur les distances que nous sommes capables d’effectuer chaque jour. Les conseils d’itinéraire recueillis depuis notre départ sont également pris en compte.

Les quatre phases : Cancun – Mexico, Los Angeles – San Francisco, Miami – New-York et New-York – Toronto comportent chacune leurs particularités. Les grandes décisions récentes sont le passage par le Grand Canyon au mois d’avril qui nécessitera de grandes précautions pour l’approvisionnement en eau, puis l’exploitation de la Silicon Valley en cherchant un logement au centre de celle-ci et enfin l’itinéraire autour de Montréal et des grands lacs. Cette frise chronologique précise nous aide à entamer ensuite l’organisation des rencontres et interviews d’entrepreneurs sur la côte ouest des Etats-Unis.

Pour conclure cette journée, nous redécouvrons le centre de Valladolid en profitant du coucher de soleil, qui fait ressortir les couleurs éclatantes des maisons mexicaines. Nous passons aussi par la boutique ADO, entreprise de transport en car, et recueillons des renseignements pour notre visite du lendemain. Le site de Chichen Itza, une des sept nouvelles merveilles du monde, est un incontournable pour laquelle nous avons réservé une demi-journée. Le premier bus en direction de cette merveille est prévu à “7.15 am”, parfait.

Vendredi 01 :

En parfaits touristes, nous nous rendons à 7h15 au point de rendez-vous et montons dans le car climatisé, trop climatisé. Les 20°C nous font regretter notre pull, une première au Mexique. D’après Ariane, guide touristique que nous avions interviewée, peu de visiteurs se rendent sur les lieux avant 10h. Notre arrivée à 8h nous laisse donc du temps pour trouver un guide francophone et nous approcher au plus près des ruines Maya et Toltec.

Nous observons la file d’attente afin de trouver des français avec qui diviser le prix fixé pour un guide. La présence francophone est forte au Mexique pendant cette période. A peine cinq minutes plus tard, un groupe de six se joint à nous. Parmi eux, Framboise et Jean-Michel, originaires de l’île d’Oléron. Ils sont sur le point de mettre un terme à leur voyage de deux mois au Mexique et Chichen Itza est leur septième visite de lieu historique dans la péninsule du Yucatan. Ils nous aident à mieux contextualiser et comprendre toutes les informations condensées données par notre guide.

Les trois cent soixante-cinq marches sur les quatre côtés de la pyramide principale ainsi que son orientation ne sont pas un hasard, bien au contraire. La passion des Toltèque pour l’astrologie se vérifie encore de nos jours. Plus de 50000 personnes viennent observer chaque année, aux solstices d’été et d’hiver, les jeux de lumière que ces anciens peuples ont imaginés et mis en place. L’acoustique est aussi une richesse cachée de cette merveille. La pyramide crée un écho semblable à des cris d’oiseaux lorsque l’on tape des mains au niveau de sa base.

Une fois la visite guidée terminée, nous continuons à nous promener par nous même dans les zones plus reculées. Toujours avec le couple de français, nous en apprenons plus sur leurs activités et notamment leur restaurant sur l’île d’Oléron. Le retour en car sera rapide et l’après-midi studieuse. Seul un dîner, nous offrira, comme à notre habitude, un moment de répit et clôturera cette journée.

Samedi 02 :

Notre départ à 18h en direction de Mérida nous laisse le temps de nous rendre dans un cenote peu connu. Il nous a été conseillé par notre hôte Arturo. Nous prenons le soin de regrouper toutes nos affaires dans les sacoches avant cette dernière visite de la semaine.

Les derniers hectomètres sur un chemin de terre non entretenu, réservé au 4×4 et bordé d’habitations abandonnées explique pourquoi le parking est entièrement vide à notre arrivée. Même le réseau téléphonique n’atteint pas cette parcelle reculée de l’agglomération de Valladolid. Surpris, nous tombons cependant nez à nez avec un petit restaurant, équipé d’une piscine et proposant un prix réduit pour les visiteurs du cenote. Une véritable oasis !

A peine visible depuis la surface, ce cenote est impressionnant. Une fosse de trente mètres de diamètre et de vingt-cinq mètres de profondeur, cachée par un rideau d’arbre, offre fraîcheur et calme aux aventuriers assez courageux pour l’atteindre.

Malgré notre discrétion, nous faisons le spectacle. En cause, un bout de bois accroché au bout d’un fil et mis en place pour sauter directement au milieu du cenote. Edouard est le premier à faire rire les quelques baigneurs présents. Quinze minutes seulement lui ont suffi pour attraper ce bout de boit et tenter un saut.

Il crée une file d’attente derrière lui, tous ravis d’être en première loge pour ce spectacle d’adresse.

Alexandre, fier d’avoir attrapé le palonnier du premier coup, s’élance pour un saut photographié par Edouard. A peine dans les airs, le trapéziste en herbe lâche le bout de bois et atterri la tête la première dans l’eau, à plat.

Nous nous contentons de la brasse pour la suite et fin de barbotage. Un petit tour bien mérité par le restaurant après notre performance de haut vol et nous nous dirigeons de nouveau vers notre appartement.

Nous arrivons à l’heure pour notre premier long voyage en car avec nos vélos. Faire rentrer ces derniers dans les soutes n’est pas de tout repos, il faudra prévoir en conséquence pour les prochains tronçons en car. Le véhicule affrété pour ce trajet est tout équipé : wifi, film dans le noir et climatisation. Edouard en profite pour peaufiner la retranscription de notre entretien avec Corinne. La première publication est proche ! Alexandre écoute le film en espagnol pour parfaire son vocabulaire. A peine arrivés, nous sortons nos vélos ainsi que nos affaires, nous voulons rester discrets à cette heure tardive. Quelques minutes suffisent avant de commencer la chasse au trésor, prévue par le propriétaire du logement, pour récupérer la clé. Tout moyen est bon lorsque l’on veut gérer les entrées sans avoir à se déplacer.

Nous repartons directement en quête de repas dans ce quartier résidentiel moins vivant que celui où nous logions à Valladolid. Heureusement, Luis, notre colocataire pour la soirée, nous a fait part de ses bons plans. “C’est à deux blocks !”. En effet, après deux rues à peine éclairées, nous débouchons sur une place bondée. Un espace avec des dizaines de jeux gonflables pour les enfants, un spectacle ouvert à tous et deux rangées de chariots remplis de plats que nous rencontrons depuis deux semaines désormais. Quatre tortas constitueront notre dîner. Rassasiés, nous tentons de comprendre une blague du clown qui enchaîne les chutes au milieu de la scène. Il n’y a finalement pas plus facile à comprendre que le cirque.

Dimanche 03 :

Edouard annonce la couleur dès le réveil en enfilant sa chemise délicatement pliée depuis le début du parcours. Levé du bon pied, il ne tient plus en place. Petit déjeuner dévoré et appareil photo à la main, il motive Alexandre pour qui le lever a toujours été une épreuve. Mais Edouard a raison, Merida, capitale de la région du Yucatan, moins connue pour son attrait touristique, a tout de même de nombreuses choses à nous offrir. Peut-être même de belles trouvailles ! Nous ne restons qu’une journée entière sur place donc pas question de traîner.

Moins de trois kilomètres nous séparent de la cathédrale, lieu central de cette commune. Nous décidons de nous déplacer à pieds malgré les rayons du soleil, déjà présents, qui transperçant les feuillages tel des lames de rasoir. Étrangement seuls, notre déplacement est guidé par les zones d’ombres peu nombreuses et très étroites le long des murs.

Un léger brouhaha commence à se faire entendre à l’approche de la place principale. Puis, comme la veille au soir, nous retrouvons une foule regroupée, ou plutôt amassée, au milieu des restaurants et petits marchands de tacos et tortillas. A partir de cette esplanade partent de multiples ruelles marchandes couvertes d’habitations et climatisées. C’est donc là que tous se cachent ! Mérida semble finalement fonctionner et être construite sur le même principe qu’une fourmilière.

Edouard a chaud, il semble préoccupé et à la conquête d’un but encore inachevé. Son regard se perd dans chaque magasin, dans le moindre recoin, Alexandre se demande bien de quoi celui-ci a besoin. Soudainement, semblable à un chien de chasse à l’arrêt, Edouard repère sa proie. Il s’avance et accélère le pas, le sourire jusqu’aux oreilles. Des tickets à gratter !

Sa passion, depuis si longtemps laissée de côté, lui avait beaucoup manqué. Vingt cinq pesos et cinq tickets plus tard, nous partons à la recherche du lieu parfait pour cette “expérience de gratte”, formule consacrée chez les adeptes des jeux à gratter lillois. Elle désigne le fait de profiter pleinement du moment en grattant son ticket. Nous nous arrêtons dans un restaurant de pizza et commandons sans hésiter une “Mega pizza” de 40 centimètres composée de quatre quarts de pizza choisies sur la carte. Alexandre, lui passionné de grande cuisine, voulait également pouvoir se faire plaisir.

Seulement cinq pesos remportés pour vingt cinq dépensés et une Méga Pizza en partie gâchée par le choix d’Edouard d’ajouter des ananas sur la moitié de celle-ci. Ce déjeuner nous laisse un goût amer.

Rien de mieux pour nous remettre de notre défaite que le carnaval de Mérida. Le temps d’une semaine, les villes des alentours présentent leur parade préparée avec passion durant toute l’année. Nous repérons le lieu du défilé sur le site du carnaval de Mérida. Sentant que la digestion souhaite déjà profiter d’une partie de notre énergie, nous décidons de faire appel au service de taxis pour nous y rendre.

Nous ouvrons les portes avec entrain et déjà impatients. “Centro Montejo por favor !” Le chauffeur nous regarde d’un air interrogateur. Il nous demande immédiatement en anglais si nous avons google maps pour lui montrer, car il ne connaît pas cet endroit. Cela nous parait suspect qu’il ne connaisse pas le lieu du carnaval, mais nous lui indiquons tout de même un quartier de Mérida nommé Montejo. Vingt minutes de taxi plus tard, nous descendons au beau milieu d’une zone commerciale abandonnée. Nous marchons et tendons l’oreille mais rien, pas un bruit. Nous venons même à nous demander si nous n’avons pas regardé l’adresse pour le carnaval de Mérida en Espagne. Nous préférons ne pas vérifier et rejoindre directement notre logement, trop d’échecs pour aujourd’hui… Le reste de la journée sera dédié à la rédaction de nos différents articles et à un dîner une nouvelle fois en extérieur.

5 comments on “Deuxième semaine – Un pays aux multiples visages

  1. Bravo beaucoup d’anecdotes croustillantes !
    A consommer sans modération…
    Bonne continuation et bon courage pour la suite Take care 😎 Bises Ldf

  2. Bravo le doud ! Passionnant vos récits. On a l impression d y être. Bon courage .Prenez soins de vous !
    Tatie Véro 😘🤗❤

  3. Belles plumes !!
    C’est un véritable roman réaliste illustré passionnant.
    Merci. Vivement le prochain chapitre !
    On vous lit et suit de près ;
    Alors belles nouvelles aventures !

  4. Très sympas vos récits. On a l impression d y être …. entre les 40 degrés sur le bitume et la fraîcheur des cenotes.
    Hâte de lire les prochaines semaines..
    Fred

  5. Merci à tous pour vos commentaires et les encouragements que vous nous transmettez !
    Nous prenons aussi du plaisir à vous partager notre aventure.

    Alexandre & Edouard

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