Rencontre avec Ahma Aboudouz, responsable marketing et co-fondatrice chez Cafe Guldun

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et vos précédentes expériences dans l’entrepreneuriat Iran ?

J’ai étudié 2 majeurs en Iran avant de partir étudier à l’université technologique de Malaisie où je suis restée 3 ans. De retour en Iran j’ai été professeur en primaire et à l’université. J’ai ensuite rejoint un accélérateur de startup en tant que conseillère en marketing digital. J’ai complété ma formation dans ce domaine à l’université et travaillé sur de nombreux projets au sein de l’accélérateur de startups. Nous avons notamment créé un grand site de vente en ligne de plantes. Cette startup se nomme Café Guldun. Tout en travaillant sur cette startup je ne me suis jamais détachée de l’enseignement. J’enseigne majoritairement dans de grandes entreprises et quelquefois pour des particuliers qui veulent lancer leur propre business.

Comment se passe la création d’une startup ? Quels sont les éventuels obstacles à éviter ?

La création de la startup n’a pas été compliquée. Nous avions un plan simple de création et chaque membre de l’équipe avait de l’expérience et tout le monde était très motivé. Notre avantage a été de faire de très sérieuses analyses de marché. Nous sommes notamment passé par des influenceurs Instagram pour sonder les acheteurs potentiels et savoir quels produits étaient les plus apte à la vente. Cette analyse nous a pris du temps. C’est seulement après avoir défini les produits que nous voulions vendre que nous avons lancé les études de logistique et d’approvisionnement. En parallèle de nos recherches, nous avons créé une importante communauté sur les réseaux sociaux en prévision de nos ventes.

Nous avons choisi de commercialisé des plantes en ligne ce qui est très novateur et attire beaucoup d’iraniens qui ne souhaitent pas se déplacer en magasin. Un autre facteur de réussite a été l’entente au sein de l’équipe et la constitution d’un objectif clair que nous souhaitons atteindre sans céder à la précipitation.

Quels réseaux sociaux et moyens de communication sont disponibles pour de telles opérations en Iran ?

Nous utilisons Instagram et notre site web qui permet une interaction importante. Nous ne pouvons pas utiliser facebook.

Qu’est ce qui a fait le succès de votre startup concernant notamment sa création et son fonctionnement ?

Ce qui nous a évité de nombreuses difficultés était notre connaissance du marché et la présence dans notre équipe de beaucoup de compétences différentes (programmer, digital marketing, market analyst…)

La création de l’entreprise est passée par l’achat d’une autorisation auprès du gouvernement. Le gouvernement favorise la création des petites entreprises en les exemptant de taxes. Les taxes et leurs suets sont définis de manière assez subjective. Le gouvernement choisi de taxer en fonction du succès, du chiffre d’affaire et du trafic sur votre marché. Le contrôle peut même aller jusqu’au rachat si l’entreprise prend trop d’ampleur (cf Snapp et IranCell). Des critères plus objectifs favorisent la création en exemptant de taxe pendant la période de création et de développement.

En tant que femme entrepreneuse en Iran que pouvez-vous nous dire sur les obstacles et difficultés que l’on peut rencontrer dans le monde du business ?

Les inégalités entre les hommes et les femmes se font moins sentir en Iran au sein d’une entreprise. Le seul critère de discrimination est la compétence. A niveau de compétences égales, un homme et une femme touchent le même salaire. La discrimination sexiste se fait sentir au niveau des relations commerciales où elles ne bénéficient pas toujours du même crédit et de la même confiance que les hommes.

La femme en Iran est très libre même si certaines zones peuvent être encore très traditionalistes. Dans la partie nord de Téhéran, les gens sont très tolérants et la femme reste très libre. Nous ne rencontrons pas de discrimination que ce soit au cours de l’éducation ou dans le monde du travail. De nombreuses femmes occupent des positions très importantes que ce soit dans les grandes entreprises ou même au gouvernement. J’ai beaucoup d’amies qui sont CEO de leur entreprise. La compétence est le seul facteur pris en compte.

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