Rencontre avec Rahollah Nematzade, fondateur du Oak Hostel

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Je m’appelle Rahollah, j’ai 30 ans je suis le propriétaire de cet hôtel que nous avons créé il y a 3 mois et demi. Mes études ne correspondent pas vraiment à l’industrie du tourisme. J’ai étudié l’ingénierie électrique avant d’étudier un MBA. Il y a 10 ans j’ai commencé à travailler dans des moyennes compagnies de la technologie. Je travaillais comme Customer manager ou comme lors des deux dernières années Operation manager. L’année dernière j’ai rencontré un ami à Téhéran où j’ai étudié pendant 10 ans. Avec qui nous avons décidé de monter notre propre business.

Qu’est ce qui vous a mené au tourisme ?

J’ai toujours voulu travailler dans l‘industrie du tourisme. J’aime rencontrer des gens, les aider et les conseiller. Nous avons commencé à chercher la ville qui nous conviendrait pour lancer notre activité. Ma femme habitant à Kermanshah, cela a fait pencher la balance et nous avons quitté Téhéran pour s’installer ici. Toutes les autres villes sont en effet submergées par le nombre d’hôtels et il est très dur de commencer un business à moindre frais dans ces villes touristiques.

J’ai d’abord commencé par trouver le lieu de l’hôtel. Nous avons passé 5 mois à chercher à Kermanshah. J’ai ensuite quitté mon emploi. Nous avons commencé les démarches auprès du gouvernement pour obtenir les certifications nécessaires au moment des travaux de rénovation. Ces derniers m’ont promis beaucoup d’aides financières mais rien n’est jamais arrivé. Les procédures étaient très lourdes pour obtenir un financement et c’était décourageant. Nous avons donc tout subventionné avec notre argent. Les certifications pour les hôtels sont très compliquées car il n’y a pas de loi spécifique aux entreprises hôtelières. Le Gouvernement nous fournit simplement une autorisation pour héberger des gens et gagner de l’argent. Un peu comme AirBnB en Europe.

Comment avez-vous financé votre entreprise ?

J’avais déjà de l’argent de côté et ma femme également. Ma femme continue à travailler à Téhéran car nous avons besoin de son salaire pour le début. Nous étions les uniques investisseurs de notre entreprise. Nous avons encore beaucoup de travaux à réaliser mais nous préférons le faire doucement sans passer par des prêts bancaires.

Quelles furent les principales difficultés que vous avez-dû affronter lors de la création de votre hôtel ?

La plus grande difficulté fut d’obtenir la certification pour l’hôtel. Je précise que dans son fonctionnement actuel, notre hôtel est soumis au prélèvement de la société de certification. En échange du certificat, 20% de notre chiffre d’affaire est directement prélevé par cette société. C’est un moyen de contrôle du gouvernement.

Une autre situation contraignante est que nos hôtels ne peuvent pas avoir de site ou être actifs via les réseaux sociaux. Cet aspect de la communication est très surveillé et nous avons du mal à nous faire connaître. Les lois concernant les services hôteliers sont très strictes et parfois pas très réalistes. Il faut avoir par exemple une place de parking pour chaque chambre, pas de salles de bain partagées pour obtenir la certification.

Comment ressentez-vous les sanctions économiques américaines dans votre business ?

Nous sommes bien évidemment très affectés par les sanctions américaines dans le secteur du tourisme. Depuis le retrait des américains de l’accord nucléaire, le tourisme étranger s’est effondré. Nous n’avons pas vraiment de tourisme intérieur du point de vue des hôtels. Ce n’est pas une option d’hébergement très connue ou prisée. Il y en a certains mais ce n‘est pas une pratique très courante pour les iraniens. Il y a moins de 100 hôtels en Iran et ils sont principalement concentrés dans les grandes villes touristiques. Leur fond de commerce n’est pas les iraniens. C’est pourquoi nous sommes vraiment soumis à l’état du tourisme étranger.

Quelles sont les origines que l’on retrouve le plus chez vos clients étrangers ?

La plupart de mes hôtes sont asiatiques mais nous en avons eu un certain nombre d’Amérique du Nord et d’Europe.

Quel type de tourisme est le plus répandu du point de vue du tourisme intérieur ?

Depuis la dégradation de la situation économique, les gens se déplacent plus en Iran car les voyages à l’étranger sont devenus plus cher. J’espère donc avoir plus de touristes iraniens dans les prochaines années. Le phénomène Backpacking est nouveau en Iran et commence à se développer. Les voyages de familles sont de plus en plus rares et on voit de plus en plus de gens voyager entre amis.

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