« Pour se lancer dans un secteur en particulier, il ne suffit pas simplement d’investir aveuglement et d’attendre sagement un retour sur investissement. Avant tout, il faut comprendre le marché en question et être continuellement attentif aux évolutions de ce dernier afin de pouvoir réagir en conséquence »

 

Rencontre avec Madelein, fondatrice de DeliCoin

Nous rencontrons Madelein, une bolivienne ayant fondé DeliCoin.

 

Comment en es-tu arrivée là ? Peux-tu nous parler de ton application DeliCoin ?

“Je me suis tout d’abord lancée dans des études de « Business Administration » à La Paz. Ensuite, afin d’avoir de plus amples connaissances dans des domaines qui me passionnent, j’ai commencé à étudier la gastronomie ainsi que la nutrition à l’université.

Mes études terminées, j’ai décidé de lancer mon entreprise sur le marché des applications mobiles en Bolivie : Delicoin. C’est une application qui permettait originellement aux utilisateurs de choisir différents plats « healthy » sur le concept de Tinder. Selon moi, la technologie est un outil devant servir au plus grand nombre et c’était mon objectif principal avec cette première idée.

Après plusieurs essais, la Bolivie s’est révélée ne pas être prête au niveau social et technologique pour le développement de mon entreprise, j’étais 10 ans en avance ! Je me suis également rendu compte que les informations que je récoltais n’étaient pas toujours pertinentes, car les habitudes de consommation en alimentation peuvent changer facilement d’un jour à l’autre, dépendant de l’humeur de la personne. Ce n’était donc pas une idée viable, tant sur le concept que sur le pays d’implantation. Il faut parfois savoir renoncer à un projet qui nous tient à cœur afin de revenir plus fort.

Par la suite, j’ai gagné un prix dans un concours de Start up en Bolivie, et cela m’a permis de me rendre aux Etats-Unis pour participer au « Global Entrepreneurship Summit ». A cette occasion, j’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs du monde entier qui m’ont beaucoup aidé afin de faire mûrir mes projets.

De retour en Bolivie, une nouvelle idée m’est venue; mettre en relation les personnes qui n’ont pas le temps de cuisiner avec des personnes qui peuvent cuisinent chez eux pour d’autres personnes. Selon moi, l’idée bien que peu révolutionnaire avait un fort potentiel en Bolivie et ne bousculait pas trop vite les habitudes de consommation. Cependant, je me suis vite retrouvée face à un problème de taille qui compromettait le développement de mon concept : manque de confiance de la part des consommateurs envers les personnes qui cuisinent. Il faut savoir qu’en Bolivie, il y’a un réel problème concernant l’hygiène en cuisine.

Finalement, voilà où j’en suis rendue aujourd’hui, je me suis lancé dans une activité qui apparemment ne présente pas de limites sociétales ou technologiques. Aidée de mes équipes, j’élabore et je commercialise des cookies “healthy” appelés “smart cookies”. Ils sont fabriqués à partir d’un aliment bolivien dérivé du Quinoa considéré comme un super-aliment par de nombreuses instances internationales. Conscient du potentiel et des bienfaits incroyables de cet aliment, la NASA a même décidé de l’introduire dans l’alimentation des astronautes de l’ISS.”

 

Quelles difficultés as-tu rencontré durant ton aventure entrepreneuriale ?

“Tout d’abord, comme je l’ai évoqué précédemment, lors du lancement de mon premier concept “DeliCoin”, j’ai réalisé que la Bolivie n’était pas encore prête pour des applications mobiles trop innovantes. La Bolivie n’est apparemment pas encore technologiquement prête pour la mise sur le marché. L’écosystème n’est pas encore favorable en Bolivie. Ce qui marche autre part ne marche pas forcément en Bolivie. J’ai du remettre en cause mon concept et apprendre à connaître davantage mon pays afin de de réétudier mon concept. Mais échouer de la sorte fait entièrement partie de la vie d’un entrepreneur et j’ai beaucoup appris par la suite.

De plus, les entrepreneurs reçoivent aucune aide du gouvernement bolivien pour lancer leurs start-ups. Il est également très compliqué d’obtenir un crédit de la part des banques bolivienne et par conséquent, cela représente un frein majeur pour beaucoup d’entrepreneurs souhaitant se lancer dans un business, par manque d’investissement de base.

Finalement, les démarches administratives sont très compliquées ici en Bolivie, il vaut mieux être conseillé par un avocat ou un comptable. La difficulté majeure réside dans le fait que les obligations administratives sont identiques pour un grand groupe industriel que pour une petite structure ce cela complique tout surtout quand on vient de se lancer. Ces démarches sont très chronophages et nous empêchent de nous consacrer pleinement au coeur de notre activité.”

 

Quels conseils pourrais-tu donner à un entrepreneur souhaitant se lancer en Bolivie ?

“La Bolivie est une terre d’opportunités professionnelles en devenir et beaucoup de secteurs se développent très rapidement ici. De plus, les étrangers qui se sont implantés ici, réussissent généralement bien. De même, ils réussissent également assez vite car les coûts opérationnels ( masse salariale, coûts fixes, coûts des matières premières…) sont très bas ici, et donc le retour sur investissement est globalement très rapide en Bolivie, du moins beaucoup plus rapide qu’au sein des autres pays d’Amérique Latine. Il y’a donc de nombreuses cartes à jouer en Bolivie !

Également, pour se lancer dans un secteur en particulier, il ne suffit pas simplement d’investir aveuglement et d’attendre sagement un retour sur investissement. Avant tout, il faut comprendre le marché en question et être continuellement attentif aux évolutions de ce dernier afin de pouvoir réagir en conséquence.

Enfin, et cela est valable partout, un entrepreneur doit faire preuve d’un dynamisme à toute épreuve et surtout être très ouvert d’esprit et adaptable. En effet, il est une qualité essentielle de ne pas être trop borné et de savoir faire évoluer son concept en cas de difficultés et même d’accepter de renoncer à un projet !”

 

Merci beaucoup Madelein !

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