« Cusco est spécial. Aujourd’hui peut être merveilleux comme demain peut être noir. Tout est imprévisible. Dans cet endroit, tu trouves des personnes du monde entier. Tu dois constamment t’adapter à la clientèle, tout en te différenciant pour sortir du lot »

 

Rencontre avec Alonso Albito, fondateur et gérant du café Eusebio & Manolo

 

Comment en es-tu arrivée là ?

« Je m’appelle Alonso Albito, je suis espagnol. Auparavant avocat, j’ai décidé il y a 6 ans de tout arrêter et m’expatrier à Cusco pour rejoindre le pays d’origine de ma femme. Cette expatriation contrairement à d’autres Européens a été facilité grâce au fait que ma femme soit Péruvienne et connaisse de nombreuses personnes à Cusco.  Les avantages ne sont pas seulement au niveau des relations, quand tu es marié avec un/une péruvien(ne) il y a beaucoup bénéfices, notamment une diminution des taxes.

Je suis donc arrivé dans cette ville perchée à plus de 3000 m d’altitude, sans réellement savoir dans quel business je voulais me lancer. Cependant,  je savais que je voulais entreprendre.
Par conséquent, j’ai commencé à chercher des locaux dans Cusco afin de pouvoir commencer une activité. Cette étape a été un véritable parcours du combattant. Le gros problème ici, qui est surement l’unique problème de Cusco, reste de trouver un local à un prix correct.

Cusco est une ville pleines d’opportunités lorsque l’on souhaite lancer une activité, un service ou un produit. Tous les touristes au Pérou viennent pour le Machu Picchu, ce qui les fait passer automatiquement par Cusco. Par conséquent, 95% des clients sont des touristes. La majorité des business ici sont tenus par des étrangers et s’adressent à des étrangers. 90% des hôtels sont gérés par des européens ou des nords américains.

Peux-tu nous parler de ton café Eusebio & Manolo ?

L’idée, bien que non révolutionnaire, m’est venue naturellement lors que je me suis rendu compte à l’aéroport en partant pour le Pérou, que la majorité des gens boivent du café. Le café est un produit très facile à transporter, il n’y a aucun problème de chaîne du froid ou autres. Il suffit simplement d’une machine pour en proposer à ses clients.

Bien que la machine soit relativement chère, il suffit de l’amortir pour commencer à engranger des bénéfices. L’avantage reste que la matière première a une faible coût. J’ai donc décidé d’ouvrir un café où je puisse proposer du bon café avec de quoi grignoter.

Ici lorsque tu veux déjeuner à Cusco et plus globalement au Pérou, tout est identique. Les menus du jour sont tous les mêmes à chaque coin de rue. Il fallait donc que je me différencie afin d’attirer la clientèle. La clientèle étant exclusivement étrangère, j’ai décidé de proposer des produits européens, des classiques comme des croissants, des sandwichs gourmets à des prix accessibles, du café de qualité, des gaufres et crêpes etc… Ici il faut vraiment se mettre en tête que tu travailles pour des clients étrangers et non des locaux. À Cusco, c’est un aspect primordial à savoir lorsque l’on se lance dans une aventure entrepreneuriale.

Au Pérou, les lois sont plus indulgentes, il est relativement facile d’implanter son business. Par exemple, il n’y a pas de loi pour vendre de la bière dans ce café. Comparé à l’Europe, tout est plus accessible grâce aux prix inférieurs. »

 

Quelles difficultés as-tu rencontré durant cette aventure entrepreneuriale ?

« Outre la location du local, je n’ai pas rencontrer de grosses difficultés, notamment grâce à ma femme et ses relations.

Par contre, il est vrai qu’il y a un gros souci de corruption à Cusco et au Pérou en général.

La communication peut être difficile car les codes sont différents. Par exemple, les gens ne disent jamais « non », mais ça ne signifie non plus qu’ils feront ce qu’on leur demande.

Je pense qu’au Pérou, tu n’as pas vraiment besoin d’avoir un gros capital pour te lancer dans une activité. Je suis parti avec simplement 2000 euros, aujourd’hui, mon café est classé dans le top 5 Tripadvisor. Il faut simplement savoir se différencier et comprendre l’environnement dans lequel tu travailles. »

 

Quels conseils pourrais-tu donner à un entrepreneur souhaitant se lancer au Pérou ?

« Comme dans la majorité des pays d’Amérique du Sud, le réseau est extrêmement important pour faire du business ici. La confiance auprès d’un potentiel fournisseur, un client, un investisseur est très difficile à obtenir.
Grâce aux différents contacts de ma femme j’ai été en mis en relation avec le gérant de la ligne Peru Rail, le train qui emmène les touristes au Machu Picchu. J’ai aujourd’hui un partenariat avec eux, ce qui me permet de gagner énormément en notoriété.

Cusco est spécial. Aujourd’hui peut être merveilleux comme demain peut être noir. Tout est imprévisible. Dans cet endroit, tu trouves des personnes du monde entier. Tu dois constamment t’adapter à la clientèle tout en te différenciant pour sortir du lot. Je conseille à tout entrepreneur d’être patient. Il faut accepter de prendre du temps. Il y a des jours où tout est imprévisible et forcément ça ne marche pas. Cusco est une force et tu dois t’intégrer si tu veux rester.

Il faut savoir être opportuniste, parler avec les gens pour commencer à créer des liens. Heureusement, si tu t’intéresses aux Péruviens, ils aiment échanger et parler de leur pays car ils en sont fiers. »

 

As-tu des projets à l’avenir ?

« Je souhaite trouver un autre local dans le centre de Cusco afin de proposer des burgers gourmets. »

Merci Alonso ! 

 

 

Contact : https://www.facebook.com/EusebioyManolo/

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