« Le Pérou que j’ai connu il y a 22 ans n’est plus du tout le même aujourd’hui. Tout va très vite ici, parfois même trop ! »

 

Rencontre avec Antoine George, fondateur de l’agence de voyage Transhumancia

 

Comment en es-tu arrivé là ?

 

“ Le Pérou ! Pourquoi le Pérou ? J’ai toujours été très attiré par ce pays dès mon plus jeune âge. Cela remonte à mes 9 ans, le jour où ma maîtresse m’a montré sur la carte le lac Titicaca au Pérou, et là ça a résonné dans ma tête: Titicaca ! A partir de ce jour, je me suis épris de passion pour l’Amérique du Sud me faisant comme promesse d’y aller un jour. A tel point que lorsque mes camarades allaient jouer dans la cours, je passais tout mon temps à éplucher les livres et atlas sur l’Amérique du Sud !

Par la suite, j’ai donc tout naturellement orienté mes études vers le tourisme en réalisant différents masters à la Sorbonne et à Genève. Je me suis tout particulièrement intéressé au lien fragile entre le développement des cultures locales et le tourisme.    

Après avoir terminé l’université, je n’avais qu’une seule et unique envie : Partir au Pérou. Un jour un ami m’a dit « J’ai cru comprendre que tu t’y connais un peu sur le Pérou, ça te dirait de travailler là-bas ? » Une semaine après j’étais dans l’avion qui m’emmenait vers le pays des Incas. J’ai commencé là-bas comme accompagnateur de voyage pour des touristes européens. C’était hyper formateur, j’ai beaucoup appris sur les métiers du tourisme durant ces années. Puis j’ai commencé à étendre ma zone de travail et à travailler dans une trentaine de pays en emmenant des touristes dans des lieux toujours plus extraordinaires.

Par la suite, j’ai eu l’opportunité de travailler pour l’agence néerlandaise de développement  au Cameroun pendant 12 années. J’ai été propulsé à la fonction de conseiller du ministre du tourisme camerounais. C’était mon premier vrai boulot qui me permettait de gagner bien ma vie.

Puis est venu le temps de me lancer à mon compte ! Je ne pouvais plus concevoir d’avoir un patron à qui je devais constamment rendre des comptes. J’ai donc lancé une Guest House à Cusco qui me permettait en parallèle de monter des expéditions touristiques à travers le Pérou. Par la suite, cette agence de voyage est devenue mon activité principale.  Depuis les débuts de mon aventure entrepreneuriale en 2009, je me consacre au maximum à la création d’expéditions entièrement personnalisables et surtout qui respectent l’éthique du tourisme durable et raisonnable.

   Dans la capitale andine, j’ai eu également la chance de travailler comme consultant pour les autorités locales du tourisme afin de travailler sur un modèle plus durable. Notamment, j’ai pu me pencher sur la planification et la régulation du tourisme dans la mythique cité du Macchu Picchu.

Et puis un jour tout a changé pour moi, j’ai été propulsé sur une autre planète grâce à mon passage dans une émission de Claire Chazal sur TF1. J’ai eu le droit à mes 15 minutes de gloire devant des centaines de milliers de téléspectateurs. Le lendemain, pas moins de 50 demandes de devis ont débarqué sur ma boite mail ! »

 

Quelles difficultés as-tu rencontré durant ton aventure entrepreneuriale ?

 

« Premièrement, malgré le fait que je suis installé au Pérou depuis maintenant 22 années, je suis toujours considéré comme un gringo par nombre de Péruviens. Cela est profondément lié à un manque d’éducation selon moi. Quelques Péruviens sont parvenus à m’escroquer après leur avoir donné ma confiance. Je dirai qu’il faut être sur ses gardes en permanence et plus particulièrement lors des débuts dans le pays.

Egalement, et cela concerne exclusivement mon activité dans le tourisme, il est difficile ici de vraiment se différencier. Tous les tour-opérateurs estiment faire du hors des sentiers battus à tel point que les sentiers hors des sentiers battus en sont devenus presque autant battus que les sentiers battus !

Je n’ai pas eu tant de difficultés que ça au final. L’économie est en perpétuelle croissance et il est globalement beaucoup plus simple de créer son entreprise au Pérou. Tout va très vite ici, parfois même trop ! »

 

Quels conseils pourrais-tu donner à un entrepreneur souhaitant se lancer au Pérou ?

 

« Comme je l’ai dit précédemment, il est beaucoup plus simple de créer son entreprise au Pérou, ici on ne déclare seulement quand l’entreprise fonctionne et non pas avant.  Premièrement, car cela permet d’éviter des tâches chronophages inutiles en cas d’abandon de l’activité et également car le système fiscale fait qu’au Pérou il n’est pas intéressant de déclarer son entreprise dès le début. Par la suite, quand l’entreprise grandit et devient rentable, Il y’a un moment ou cela devient nécessaire de déclarer son activité.

Ensuite, les Péruviens disent souvent qu’un bon comptable, c’est quelqu’un qui à la question « combien font 2+2 ? » vous répondra « 3 ». En bref, un comptable vous permettra de payer moins d’impôt et sera indispensable dans de nombreuses tâches administratives. Engager un comptable, même lorsque l’entreprise est jeune sera toujours profitable et permettra de se consacrer à des tâches plus essentielles pour le développement de l’activité.

Enfin, je conseille vivement à tout entrepreneur de se lancer au Pérou. Il y’a beaucoup de secteurs très porteurs notamment le tourisme et le digital et le retour sur investissement est globalement beaucoup plus rapide qu’en France notamment. Le Pérou que j’ai connu il y a 22 ans est aujourd’hui plus du tout le même.

Toutefois, bien qu’étant assez optimiste pour l’avenir du Pérou, j’émets tout de même quelques réserves. Selon moi, le Pérou est beaucoup trop dépendant économiquement des secteurs comme la pêche ou l’extraction minière et par conséquent de la bourse mondiale de ces ressources. Heureusement, pour l’instant, ces secteurs sont toujours en pleine croissance mais il ne faudrait pas qu’il arrive au Pérou la même situation que les pays de la péninsule arabe qui ont dû faire face à l’épuisement de leurs ressources pétrolières. »

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