« Avec ce projet, les enfants de l’école sont impliqués au moment de la construction du skatepark jusqu’à sa création, pour à la suite profiter pleinement de ce dernier. Nous avons décidé de créer une zone fertile à côté du skatepark, afin de proposer aux jeunes une première expérience de paysagiste grâce à la plantation de plantes et d’arbres. C’est un moyen pour eux d’avoir une sensibilité environnementale et une compréhension des enjeux écologiques »

 

Rencontre avec Clément Taquet, fondateur de l’ONG Concrete Jungle Foundation

 

Comment en es-tu arrivée là ?

Je viens de Belgique, je suis arrivé au Pérou il y a maintenant deux ans et demi. Avant d’être au Pérou, j’ai voyagé pendant 2 ans, en Afrique du Sud, en Australie et un peu à travers l’Asie. J’ai par la suite décidé de venir au Pérou pour faire du volontariat. J’ai commencé à monté en parallèle de mes petits boulots, une ONG avec un ami anglais. On est tous les deux passionnés de skate depuis notre enfance et on faisait du volontariat ensemble, près de Trujillo. Très rapidement, nous avons réalisé tous les deux que l’ONG pour laquelle on travaillait avait des défauts, notamment un manque de transparence sur l’argent qui rentrait et qui sortait. J’ai par conséquent voulu monter mon propre projet avec mon ami.

 

Peux-tu nous parler de ton projet Concrete Jungle Fondation ?

Concrete Jungle Foundation est une ONG  qui utilise le skateboard pour stimuler le développement personnel et social des jeunes défavorisés du monde entier.

Nous coordonnons la construction de nouveaux skateparks, la fourniture d’équipements de skate et de sécurité, ainsi que l’organisation de programmes dédiés au skate, au développement durables, afin que les jeunes puissent développer leurs compétences et leur autonomisation.

Le skateboard est un merveilleux moyen favorisant la croissance personnelle, le bien-être en communauté et la compréhension interculturelle.

Nous avons commencé ce projet au nord de Lima, à Alto Trujillo. Il faut savoir qu’au Pérou, les inégalités sont omniprésentes et se ressentent fortement à la sortie des grandes villes. Certains endroits n’ont toujours pas accès à l’électricité et l’eau courante, les habitants vivent pour la plupart dans des conditions déplorables. Alto Trujillo fait parti de ces villes en difficultés.

Nous avons rencontré une école à cet endroit, dans laquelle il avait de gros problèmes de présence des élèves, avec un taux d’absence trop élevé. En 2016, le directeur de l’école a accepté notre demande de construire un skatepark aux abords de l’école. On ne savait pour le moment pas vraiment ce que l’on voulait faire. Le skateboard produit de véritables bénéfices. Il n’y a pas de disparité homme/femme dans le skate, contrairement à ce que l’on peut voir ici au Pérou, où ce problème est très fort. On voulait donc travaillé sur cet axe et bien sûr, sur le taux d’absence en cours.

Avec 10 000 Euros levés grâce à une campagne de crowfunding pour payer le matériel, une équipe de volontaires, locaux et internationaux, sont venus jours et nuits pour construire ce skatepark à partir de matériaux recyclés. Le projet a au fur et à mesure pris de l’ampleur. Nous sommes devenus la première ONG au monde ayant réussi à implanter un skatepark dans une école.

Voir vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=oFsDsiDRE1k

Ce dernier permet aujourd’hui aux jeunes de varier leurs activités. Des volontaires donnent des cours de skate, ce qui a donné envie aux jeunes de venir à l’école et permis de réduire le taux d’absentéisme.

Avec ce projet, les enfants de l’école sont impliqués au moment de la construction du skatepark jusqu’à sa création, pour à la suite profiter pleinement de ce dernier. Nous avons décidé de créer une zone fertile à côté du skatepark, afin de proposer aux jeunes une première expérience de paysagiste grâce à la plantation de plantes et d’arbres. C’est un moyen pour eux d’avoir une sensibilité environnementale et une compréhension des enjeux écologiques.

A termes, nous voulons simplement gérer ce type de projet de loin, et avoir des projets comme celui-ci qui soient gérés par des locaux.

 

Quelles difficultés as-tu rencontré durant cette aventure entrepreneuriale ?

Au début, la principale difficulté était d’obtenir la confiance des gens. Lorsqu’on a lancé ce projet, nous étions deux blancs, sans contact, voulant monter un projet au Pérou. Il a fallu communiquer énormément sur internet et dans les médias, afin de gagner la confiance de la population péruvienne.

La deuxième difficulté reste tout le projet en lui même. On a eu beaucoup de chance globalement. Par exemple, deux semaines après avoir fini le skatepark, un torrent a dévasté la ville de Trujillo mais n’est par chance, pas passé par l’endroit où était implanté le skatepark. Je pense que le travail et les efforts fournis ont permis d’avoir un projet construit et un résultat très satisfaisant.

Cela fait maintenant plus d’un an que le projet de Trujillo a été créé. Cependant nous sommes 4 volontaires et aucun d’entres nous ne reçoit de salaire depuis 2 ans. Nous recherchons actuellement un moyen de nous payer. Nous avons la chance d’être jeune et sans enfant, mais cette situation n’est pas viable à long terme, malgré notre bonne volonté.

Une autre difficulté omniprésente au Pérou reste de trouver des fonds et des sponsors. Il faut sans cesse prouver que notre projet est viable et fonctionne.

Enfin, il faut savoir qu’ici au Pérou les ONG sont pour la plupart vues comme des vrais business. Si l’ONG est tenu par un péruvien, il pourrait le voir comme un moyen de gagner de l’argent sans pour autant avoir un intérêt pour l’aspect social. Lorsque les volontaires payent une cotisation pour venir faire du volontariat au Pérou, ils peuvent parfois se faire avoir et verser un gros pourcentage directement aux dirigeants.

 

Quels conseils pourrais-tu donner à un entrepreneur souhaitant se lancer au Pérou ?

Pour éviter tous les problèmes administratifs et la bureaucratie, nous avons notre siège social en Angleterre et nous utilisons des partenariats avec des ONG locales lorsque nous effectuons un projet dans un pays.

 

Avez-vous des futurs projets ?

Suite au récent succès au Pérou, nous avons décidé désormais de nous concentrer sur notre prochain projet international à grande échelle, qui se déroulera à Luanda, en Angola.

L’Angola est le septième plus grand pays d’Afrique. Ce pays est en pleine mutation mais fait face de nombreux problèmes. Après une guerre civile de 27 ans et malgré une période de croissance économique, le pays n’a jamais vraiment récupéré de la dévastation. Le niveau de pauvreté est extrême.

En dépit ou à cause des inégalités et de la corruption en Angola, le pays est récemment devenu un terrain fertile pour les skateurs, avec une scène de skate en plein développement dans la capitale Luanda.

Nous souhaitons donc répondre à cette demande en construisant un skatepark et en proposant des programmes de skate pour les jeunes.

Pour le moment, nous avons récolté 30 000$, une partie en crowdfunding et une partie en sponsors.

A l’avenir nous avons deux autres projets en tête, l’un au Panama pour 2019 et l’autre en Suède pour 2020. La Suède va être très intéressant. Bien que le pays soit riche, certaines villes ont de grosses difficultés. Notre projet verra le jour dans la ville d’Anger en partenariat avec une ONG suèdoise.

 

Merci Clément !

Page facebook: https://www.facebook.com/concretejunglefoundation/

Site internet : https://concretejunglefoundation.org

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