“Il y’a 15 ans, tout était à faire ici, les opportunités fleurissaient à chaque coin de rue !”

 

Rencontre avec Simon, fondateur de la boulangerie la “P’tite France”

 

Comment en es-tu arrivé là ?

 

“J’ai tout d’abord étudier dans une école de commerce à Tours pour ensuite m’engager quelques années dans le monde du conseil au sein d’IBM et d’Accenture. Je travaillais alors sur l’optimisation des processus en conseil opérationnel. Par la suite, j’ai eu la chance de beaucoup voyager et c’est surement la raison pour laquelle je suis expatrié aujourd’hui. Je suis parti au Japon et en Australie pour mes études. Ayant rencontré, ma femme, une péruvienne pendant un voyage, je me suis alors beaucoup intéressé à ce pays pleins de ressources. Je me suis donc donné comme objectif d’entreprendre dans ce pays. Pour ce faire, je me suis rendu au Pérou plusieurs fois pendant un an afin de connaître les possibilités de Business qui s’offraient à moi et de faire des études de marché. Je suis arrivé la première fois en 2005 lorsque le pays sortait peu à peu du terrorisme. Il y avait tout à faire ici, les opportunités de business fleurissaient à chaque coin de rue d’autant plus que le marché potentiel était énorme !


Tout d’abord, j’ai décidé de me lancer dans le système de franchise qui, je pensais, me permettrait de me lancer plus facilement dans un pays étranger. En étudiant cette opportunité, je me suis rendu compte qu’il y avait finalement trop de coûts découlant de ce système: importation de machines, royalties, formation des équipes… et aussi le fait de dépendre d’une maison-mère ne me plaisait pas tellement…

J’ai donc décidé de lancer mon propre business en partant d’une feuille blanche. Créer une boulangerie française et faire connaître l’excellence française aux Péruviens m’a tout de suite traversé l’esprit. Aussi, je m’étais rendu compte qu’il y avait un réel potentiel pour un tel business car il n y avait pas vraiment d’offres de qualité à Lima. Je savais également que faire tourner une boulangerie en Amérique du Sud pouvait être une activité très lucrative. En effet, le retour sur investissement est beaucoup plus rapide ici au Pérou car les coûts sont beaucoup plus bas qu’en métropole et que les prix de vente sont presque similaires.

Aujourd’hui, je travaille avec des produits 100% locaux et une équipe 100% péruvienne. J’essaie d’offrir la meilleure qualité à mes clients, j’ai donc procédé à la formation de mes équipes avec l’aide de l’un des meilleurs artisans de France de l’époque qui est venu à Lima pour former exclusivement mes employés sur toute ma gamme de produits.

Aujourd’hui, la boulangerie fonctionne bien mieux que je n’aurai pu imaginer notamment dû à la venue de chefs reconnus, de médias et de blogueurs influents qui ont fait littéralement exploser la visibilité de ma petite boulangerie. Nous avons eu notamment la visite du chef le plus connu du Pérou qui a un million de fan sur les réseaux sociaux et qui a communiqué sur son compte à propos de ma boulangerie. Désormais, je compte plus de 65 k followers sur Facebook, je n’aurais jamais pu imaginer un tel engouement pour une simple boulangerie !

En parallèle, je suis en train de développer de nombreux projets: gestion de listes de mariage, restaurants/ bars, lingerie féminine, crowdlending, conciergerie d’entreprise. Je n’arrive pas à rester en place et je m’ennuie rapidement dans ce que je fais, c’est pourquoi je suis en permanence en train d’imaginer de nouveaux projets.”

 

Quelles difficultés as-tu rencontré durant ton aventure entrepreneuriale ?

 

“Tout d’abord, le fait d’être étranger dans le monde du business à Lima n’est pas chose aisée. Ici quand on arrive, on est directement considéré comme un “gringos”, les péruviens cherchent systématiquement à te “rouler dans la farine”. Et pour ne rien arranger, je ne parlais que très peu espagnol lorsque je suis arrivé.

Ensuite, entreprendre au Pérou c’est faire face à des différences culturelles assez marquées. Il faut accepter le fait que les Péruviens aient un sens de la ponctualité bien différent du nôtre et souvent faire montre d’une grande patience.

Cependant, j’ai été surpris du fait qu’être Français m’ait permis de gagner en crédibilité. Mes clients potentiels me font plus confiance qu’ils le feraient envers un local. La France a une bonne image au Pérou et l’on est mieux considérés ici que d’autres nationalités.

Enfin, il est très difficile de trouver du financement à Lima. Il y’a une très grosse disparité concernant les possibilités d’emprunt suivant la taille de l’entreprise. En effet, les grosses entreprises peuvent emprunter facilement à des taux très faibles aux alentours de 1,5% alors qu’une petite structure comme la mienne ne peut emprunter auprès des banques qu’à des taux exorbitants: souvent plus de 30% d’intérêts !”

 

Quels conseils pourrais-tu donner à un entrepreneur souhaitant se lancer au Pérou ?

 

“Tout d’abord, créer son entreprise au Pérou est relativement facile mais la gestion devient rapidement contraignante et chronophage au jour le jour. Mon conseil est de tertiariser au maximum les dimensions administratives et comptables de son activité. Il y’a beaucoup de contrôles du “fisc” péruvien avec de lourdes sanctions pouvant en découler, il faut donc être très carré ici concernant l’administratif d’où la nécessité d’avoir une personne de confiance s’occupant de ces formalités.

Ensuite, il est primordial de s’associer avec un péruvien afin de s’implanter au mieux localement. Je me suis associé avec un Péruvien de 65 ans qui connaît très bien l’environnement du Business à Lima. C’est indispensable ici, afin de ne pas “se faire avoir” par les locaux, s’installer seul ici en tant qu’étranger est risqué ! Ici les il y’a un dicton tristement vrai “ L’art de compliquer les choses simples pour te les faire payer !” Il faut donc être tout le temps sur ses gardes et plus particulièrement lors du lancement de son activité.

Enfin, la communication a été pour moi la clé de voûte du développement de ma boulangerie. Les péruviens utilisent massivement les réseaux sociaux et j’ai su profiter du potentiel énorme de ces réseaux. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai beaucoup investi sur la communication sur Facebook, j’ai désormais 65 k followers et cela ne semble pas s’arrêter. Il ne faut pas hésiter à travailler son image de marque sur les réseaux sociaux et à inviter des influenceurs à venir tester ses produits.”

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