“Une petite lumière m’a dit que l’Amérique du Sud serait un bon point de départ. Je n’y étais jamais allé, ce continent m’intriguait

 

Rencontre avec Benjamin, fondateur de GreenBuilding4All.

Benjamin est arrivé en octobre 2014 à Buenos-Aires, après une expérience de deux ans en Indonésie où il travaillait en tant directeur de pays auprès d’un fond d’investisseur, dans le domaine de l’efficacité énergétique.

 

Comment es-tu arrivé en Argentine ?

“Après cette expérience enrichissante, je n’avais qu’une idée en tête, me lancer dans l’entrepreneuriat. Cependant, je ne savais pas encore dans quel pays entreprendre. Je voulais continuer à voyager et entreprendre, sans toutefois me prendre un mur. Au lieu de me dire je veux faire telle ou telle chose à tel endroit, j’ai donc retourné la question en me demandant ce que je pourrais faire pour être à l’étranger et créer un business viable. Il faut donc dans cette situation connaître sa force, son talent pour lequel où on peut apporter une valeur ajoutée. Ayant mes différentes expériences dans l’ingénierie et possédant une connaissance technique à la fois dans les pays en développement comme l’Indonésie, et les pays avancés comme la France, je me suis dis qu’il y avait un coup à jouer dans le domaine énergétique.

Une petite lumière m’a dit que l’Amérique du Sud serait un bon point de départ. Je n’y étais jamais allé et ce continent m’intriguait. Après une étude approfondie de chaque pays, les avantages et inconvénients, les opportunités et menaces, l’Argentine est sorti du lot. A l’époque, L’Argentine était en sorti de crise, le prix de l’énergie était très faible et aucune entreprise travaillait sur l’efficacité énergétique.”

 

Peut-on dire que l’Argentine est une terre d’opportunités dans le domaine énergétique ?

“Plusieurs aspects importants font que l’Argentine présente de nombreuses opportunités dans le domaine des énergies. Le pays étant touché par une forte inflation, cela implique sur le long terme une augmentation du prix de l’énergie. Par ailleurs le gouvernement a commencé à enlever les subventions autour de l’énergie. Le pays n’a pas modernisé tout le domaine de l’énergie, que ce soit électrique ou gaz, il y a donc un fort retard et par conséquent un grand potentiel.

 

Quelles ont été les difficultés lors de la création de ton entreprise ?

“Le domaine des énergies est encore peu développé en Argentine. Il en découle une faible  connaissance et expertise du milieu pour les employés, ce qui implique des formations quasi obligatoires.

L’Argentine est un pays où tout est possible mais où tout est compliqué. Créer son entreprise c’est possible sur le papier, cela paraît simple, mais finalement cela prend 6 mois. Tout se rallonge et se complexifie.

Par ailleurs, il s’avère difficile d’embaucher un français car ils ne sont pas habitués à la culture et ne sont pas aptes à travailler directement dans un contexte argentin. En effet, la manière de communication est différente, les interprétations sont différentes, les salaires sont bien inférieurs, tout est remis à zéro.

 

Faut-il s’associer avec un argentin ?

« Plus maintenant, seulement depuis quelque mois, il est possible d’ouvrir son entreprise en étant étranger. Avant, il fallait s’associer avec un argentin et être au moins deux personnes dans l’entreprise.

 

Peux-tu nous parler de ton entreprise GreenBuilding4All ?

“J’ai commencé par un premier business en Amérique du Sud dans le domaine du consulting et de l’ingénierie dans l’efficacité énergétique. L’objectif était simple: améliorer la rentabilité d’un business grâce au consulting.

Depuis quelques années, le poste énergie a fortement augmenté dans les entreprises. Avant le prix était insignifiant et aucune prévision ni aucune maintenance n’étaient faites. Maintenant tout change et apparemment trop vite pour les entreprises argentines.

L’idée derrière cette entreprise est donc d’aider les entreprises à réduire leurs consommations énergétiques.

En tant qu’expatrié, il faut choisir le bon moment pour commencer son business en Argentine avant de se démoraliser. Il faut donc anticiper et prévoir sans arrêt. Il faut apprivoiser le marché, s’informer des changements politiques et économiques, de la politique énergétique…

 

Qui sont tes clients et pourquoi ?

“Le cœur de cible de mon marché représente les PME (petites et moyennes entreprises, composées de 20 à 100 personnes).

La particularité de cette cible ? Les PME n’ont en général pas d’ingénieur dédié à ce domaine spécifique pour conseiller l’entreprise. Les grosses entreprises et grands groupes, forts consommateurs d’énergie, représentent également une partie de ma clientèle bien qu’ils s’intéressent de plus en plus à ce sujet en interne.

 

As-tu rencontré des difficultés dans le lancement de ton entreprise ?

“Il faut savoir qu’en Argentine, le chef d’état est nommé pour 4 ans. Le pays est sans cesse frappé par des cycles de crises que l’on pourrait assimiler à des montagnes russes. Il peut devenir un top 10 mondial, puis d’un coup, une crise vient frapper le pays (tous les 8/10 ans environ), ce qui replonge complètement l’économie de ce dernier.

La vision du business est par conséquent très court termiste. Les argentins vivent au jour le jour, ce qui représente un frein pour l’entrepreneuriat et l’investissement. Les plans d’entreprise sont courts avec des croissances extrêmes mais qui peuvent être très courtes.

Par rapport à la monnaie, les argentins ont une défiance et un manque de confiance énorme envers le pesos argentin. Tout ce qui n’est pas utilisé et pouvant être épargné, est converti en dollars.

 

Quelles sont les erreurs à éviter ? Aurais-tu des conseils à apporter pour une personne voulant s’implanter en Argentine ?

“Chaque mur permet d’ouvrir de nouvelles passerelles, de nouveaux chemins. Le fait d’être persuadé que ça va marcher et d’avoir une vision à long terme reste la plus forte motivation.

Je pense qu’il faut mettre des paliers, des dates limites pour atteindre un objectif. Il ne faut pas non plus hésiter à parler de son business avec le plus de personnes possibles. Les avis extérieurs sont les plus importants pour continuer de développer ses idées.

Avant d’arriver à Buenos Aires,  je n’ai pas assez parlé avec des français et des étrangers pour comprendre la complexité du marché argentin. Cette étape est primordiale pour économiser du temps et avancer d’un point de vue raisonné.”

 

Aurais-tu un livre à conseiller ?

“La semaine de 4 heures de Tim Ferris est un incontournable dans le milieu de l’entrepreneuriat et a été un des éléments déclencheur dans mon envie d’entreprendre.

Il nous apprend à rester dans notre bulle et nous montre que l’entrepreneuriat est l’affaire de tous. Il m’a notamment permis de me poser cette question essentielle: Comment je veux envisager ma vie ?”

 

Merci beaucoup Benjamin !

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