“En Argentine tout est possible, il y a un tas de choses à faire et à construire. Il suffit de se poser quelques temps et de constater qu’il y a énormément d’opportunités dans divers domaines.

 

Rencontre avec Patrick Lozano, fondateur de No Complain, un skateshop/musée de skateboard à Mendoza.

Patrick Lozano est un français vivant à Mendoza depuis 5 ans. Auparavant conseiller commercial dans l’automobile à Aix en Provence, Patrick a tout quitté pour vivre une nouvelle vie dans le pays natal de son épouse.

 

Comment es-tu arrivé en Argentine ?

“Je pense que c’est mon besoin de souffler un peu et de changer d’air qui m’a donné envie de m’installer à Mendoza. C’est une ville ensoleillée avec un cadre de vie agréable et une ambiance étrangement similaire au sud de la France. En effet, Mendoza est une ville où les argentins sont habitués à être entourés de français expatriés, notamment grâce aux différents vignobles présents autour de cette ville.

 

Peux-tu nous parler de l’histoire de ce skateshop ?

“Ancien skateur de haut niveau, ancien membre de l’équipe de France et ayant fait parti des 15 meilleurs européens, j’ai tout simplement décidé de continuer à vivre ma passion différemment.

Après une acclimatation rapide dans la ville de Mendoza et une observation du mode de vie des habitants, je me suis convaincu que le skateboard pourrait avoir sa place en Argentine. Entre skateshop et musée, j’ai donc décidé un an après être arrivé à Mendoza d’ouvrir un véritable concept store retraçant l’histoire du skateboard à travers ma collection personnelle.

 

Quelles ont été tes difficultés dans ton expatriation et dans la création de ton entreprise ?

“J’ai éprouvé quelques difficultés lors du lancement de mon business. En Argentine, il faut tout oublier de ce que l’on a appris en France.

La banque représente la première étape mais surtout le premier frein. On se rend compte que le système bancaire argentin est aux antipodes de la France. Contrairement à beaucoup de pays occidentaux, les entrepreneurs ne reçoivent aucune aide de la banque et les commissions sont omniprésentes. Un commerçant peut se faire enlever jusqu’à 27% de sa vente lors d’un paiement avec carte de crédit.

Au niveau commercial les importations de marchandises sont difficiles, irrégulières et lentes. En Argentine, tout fonctionne au jour le jour. Les importations se font la plupart du temps auprès de petits fournisseurs éparpillés, vendant un tas de produits différents, ce qui impliquent diverses contraintes. Les stocks de ces derniers s’épuisent rapidement et on est jamais sûr de retrouver la même chose pour les prochaines commandes. Par ailleurs, la majorité des marchandises sont payées à l’avance auprès des fournisseurs, ce qui peut susciter des arnaques en tous genres.

Mon autre véritable problème est le manque de soutien de la municipalité. Le manque de culture envers ce sport provoque de nombreux problèmes pour mon développement. La municipalité est très fermée pour l’évolution de ce sport malgré le fait que ce dernier soit un sport officiel. Le skate n’est pas encore ancré dans la culture comme en Californie par exemple. Il n’y a que très peu d’espaces à Mendoza afin d’exercer ce sport.

Ensuite, l’inflation est un véritable fléau. Le skateboard, considéré comme un sport accessible à tous est devenu au fil du temps un sport de riche en Argentine. L’inflation touche tous les business en Argentine (environ 25% par an). Par conséquent, ce fléau a fortement impacté mon activité.

Enfin, il est difficile de changer les habitudes de consommation des argentins. il faut consommer local c’est toujours la même chose et c’est une notion à prendre en compte. En tant que commerçant dans un skateshop, cela peut créer un frein pour proposer une offre nouvelle sur le marché.

 

Quels sont tes clients ?

“Les produits exposés et mis en vente sont bien entendus destinés aux pratiquants de skate, bmx ou autres sports de glisse. Cependant le fait d’être implanté en centre-ville attire une autre clientèle simplement venue pour acheter des marques de vêtements renommées.

 

Comment se faire connaître ?

“Grâce à mon expérience de skateur et ma réputation grâce à ma carrière professionnelle, j’ai pu rapidement toucher les jeunes du coin en donnant des conseils sur ma passion.

En parallèle, le sponsoring d’événements sportifs et musicaux ont permis d’asseoir ma crédibilité dans le milieu du skate. Enfin, les réseaux sociaux sont un des piliers de la communication en Argentine afin de se faire connaître.

 

 Quelles sont selon toi les opportunités de business en Argentine ?

En Argentine tout est possible, il y a un tas de choses à faire et à construire. Il suffit de se poser quelques temps et de constater qu’il y a énormément d’opportunités dans divers domaines. L’Argentine est en retard dans la majorité des domaines.Il faut donc profiter de ces retards pour créer des opportunités de business.
Contrairement à l’Amérique du Nord où la culture du skate est omniprésente, L’Argentine n’a aucun passé dans ce dernier. Mon objectif est de promouvoir le skate en Argentine et valoriser ce sport à travers des compétitions officielles de skate slalom.”

  

 
Quelles sont les différences pour un entrepreneur voulant lancer son entreprise à Mendoza vs Buenos Aires ?

“Buenos Aires, capitale économique de l’Argentine est un port, ce qui permet d’être mieux desservie et plus ouvert face au commerce extérieur. À Mendoza, la proximité du Chili fait de l’ombre au commerce local car les prix sont relativement moins chers de l’autre côté de la frontière. Les Argentins n’hésitent pas à aller acheter des produits au Chili pour faire des affaires. Cependant, les choses changent vite et cet écart se réduit progressivement suite aux nouvelles lois et restrictions douanières.

 

Merci beaucoup Patrick !

 

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