Rencontre avec Ariyan Afshar – Manager de Finnova

Pouvez vous nous parler des incubateurs de startups à Téhéran ?

Nous avons plus ou moins huit incubateurs à Téhéran. En Iran, il y en une vingtaine. Parallèlement il y a ce qu’on appelle les « co-working » space, concept qui s’est beaucoup développé récemment.

Comment sont financés les incubateurs ?

La plupart des fonds sont privés et proviennent de Venture Capital (VC). Après, il y a aussi des « business Angels » avec des fonds provenant par exemple de l’entourage du président.

Quel est le process pour entrer dans votre incubateur ?

  1. Envoyer son projet

  2. Entretien avec chacun des membres de l’équipe

  3. Si le projet + équipe sont validés 🡪 accepter pour 6 ou 8 mois dans l’incubateur

Quels sont les avantages ?

L’incubateur donne droit :

  • Une place dans l’espace de coworking

  • Coaching

  • Hardware services

  • Relation privilégiée avec les investisseurs (VC)

Avez-vous beaucoup de demandes ?

Nous avons eu chaque année entre 30 et 90 demandes. Chez nous, Finnova, nous en acceptons environ 7 ou 8 par an.

Une success strory de Finnova ?

La success story de Finnova l’année dernière a été Mahcard.

Comment se passe les levées de fonds ?

Les investissements pour une première levée de fond pour nos startups varient entre 500 et 1.500 dollars. L’avantage de l’Iran est qu’aujourd’hui avec de très petits investissements, on peut faire de très beaux projets. L’horizon d’investissement est minimum de 4 ans pour nos startups. C’est le standard pour tout nos VCs. Il ne faut pas oublier que notre écosystème de startup en Iran est très jeune, ça a vraiment commencé à exploser il y a 5 ans. Les marges entre l’entrée et la sortie 4 ans après est en moyenne de 10 %. Pour une sortie entre 6 et 10 ans après, cela peut monter à 40 %. Mais sachant le taux d’intérêt des banques en Iran peut monter jusqu’à une vingtaine de pourcents, les particuliers ne sont pas poussés à investir dans l’économie des startups qui rapporte moins.

Peut-on investir dans vos startups quand on est étranger ?

Nous ne faisons pas la différence entre les investisseurs nationaux ou internationaux. Mais actuellement, je n’ai pas en tête de récents investissements étrangers dans les startups iraniennes. Légalement, il n’y a aucun moyen d’outrepasser les actions pour investir chez nous car les transactions bancaires sont interdites par les sanctions américaines. Si nous avons des cadres internationaux à la tête de nos grosses startups qui ont réussi comme Snap et DJcolour, je n’ai pas en tête non plus des startups créées à l’origine par des étrangers en Iran.

Vos startups ont-elles des ambitions de croissance internationale ?

Nous avons de bonnes relatons avec la Turquie, Dubaï, Tadjikistan, Ouzbékistan avec de bons partenariats notamment sur le marketing, ce qui peut constituer un débouché pour les startups iraniennes en croissance. Néanmoins, la plupart des startups iraniennes misent sur des copies de startups étrangères qui ne sont pas autorisées en Iran à cause – ou grâce – aux sanctions américaines. Les exemples sont innombrables : Snapp pour Uber, DJcolour pour Amazon etc. Le meilleur marché actuel pour les startups iraniennes c’est le marché iranien ! Il ne faut pas aller chercher trop loin.  

Les startups iraniennes ont-elles été isolées par les récentes sanctions américaines ?

Nous travaillons avec Oxygen Accelerator à Londres par exemple. Notre seul problème étant s’ils veulent investir dans nos startups, ça bloque. Sinon pour ce qui est des relations humaines, du réseau, du conseil non rémunéré, nous restons très impliqués à l’étranger.

Au bout du compte, les sanctions américaines opportunités ou frein pour les startups iraniennes ?

Finalement, en un sens, les sanctions américaines ont créé il y a quelque année un environnement concurrentiel idéal pour les startups iraniennes. Sans compétition étrangère, tous les créneaux sont à prendre – ou plutôt- à copier. C’est peut-être une bulle un peu artificielle mais le secteur explose depuis plusieurs années. Certes le jour où Uber arrive en Iran ce sera plus compliqué.

Leave a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *