Rencontre avec Sepide, co-fondatrice du Vono Hostel et de plusieurs autres startups iraniennes

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et vos précédentes expériences dans l’entrepreneuriat Iran ?

Je suis Sepide j’ai suivi un MBA en Iran avant de partir en Erasmus en Espagne où j’ai étudié le commerce international j’ai déjà eu plusieurs expériences de start-up qui se sont toutes soldées par un échec.

Comme tout étudiant en business, j’avais pour rêve de créer mon propre business. Ainsi avec une camarade de classe nous avons créer un business concernant la mode féminine. Nous pensions avoir saisi une bonne opportunité et avoir les compétences en marketing et en commerce nécessaire pour faire de cette entreprise un succès. Mais lorsque nous avons confronté notre projet à la réalité, nous avons réalisé que nous avions sous-estimé la compétition et le nombre de nos concurrent. A cette époque en Iran, toute personne sachant coudre un minimum lançait son propre business. Ce premier échec s’est produit il y a 6 ans lorsque le commerce internet n’était pas encore très répandu alors qu’il était le cœur de notre entreprise. A cette époque, le marché de la mode féminine était très orienté sur des vêtements traditionnels et donc non commercialisé sur internet car les clients préfèrent voir les biens pour les apprécier avant d’acheter.

La deuxième start-up que j’ai créée était en collaboration avec mon frère Sina. Nous souhaitions entreprendre un commerce de petits objets, babioles en tout genre, personnalisables et de qualité. Nous importions ces biens depuis la Chine à un prix important. Nous avons encore fait l’erreur de commercialiser ces objets sur internet à un prix trop élevé pour que les acheteurs, à cette époque, déboursent en ligne sans avoir vu le bien. Ce fut notre second échec.

Après mes études en Erasmus en Espagne, je suis revenue ici et nous avons lancé avec mon frère cette entreprise : le Vono Hostel (voir l’interview de Sina pour plus d’information sur les modalités de création).

Quelles sont les spécificités du marché en ligne aujourd’hui en Iran ?

Actuellement, le commerce internet iranien est très jeune et il faut faire attention à son usage. Ca ne fait que 1 ou 2 ans que des grandes entreprises parviennent à utiliser le e-commerce. Celles qui y parviennent commercialisent un service ou des biens très novateurs que l’on ne trouve pas ailleurs que sur internet.

Ce marché de l’internet semble toutefois se débloquer progressivement car la jeunesse iranienne est très connectée et les sanctions américaines laissent la place aux startups iraniennes pour se développer dans ce domaine. Il y a un très fort potentiel qui est en train de se créer et il suffit de voir le succès des Snapp, DJColour et autres pour s’en convaincre.

Quelles sont les difficultés et avantages que l’on peut rencontrer lors de la création de son propre business en Iran ?

De manière générale, créer son propre business en Iran est très complexe car les procédures ne sont pas claires, il n’y a pas de réelle feuille de route administrative et les autorisations sont délivrées en fonction du potentiel du projet et du réseau sur lequel on peut s’appuyer. Il est nécessaire de connaître les bonnes personnes.

Nous avions cru comprendre que le gouvernement favorisait la création de startup notamment via des exemptions fiscales très généreuse.

Il est vrai que le gouvernement souhaite voir se développer de nouvelles startups mais la réalité est que le processus de création reste très compliqué.

En tant que femme entrepreneuse en Iran que pouvez-vous nous dire sur les obstacles et difficultés que l’on peut rencontrer dans le monde du business ?

Dans les marchés traditionnels et les grandes compagnies les femmes n’ont pas le même crédit que les hommes. Ont ne les considère pas forcément comme des interlocuteurs crédibles et il y a toujours du mépris vis-à-vis des compétences.

Comment un entrepreneur français doit-il aborder la création de son business en Iran ?

Aujourd’hui les étrangers qui veulent entreprendre en Iran rencontrent beaucoup de problème. Il faut absolument connaitre des personnes en Iran et avoir des partenaires commerciaux locaux.

Il faut étudier le marché avec précision avant de se lancer. Dans des pays comme l’Iran cette période de recherche est cruciale. Il existe des sociétés d’analyses du marché qui vous procure des comptes rendu très précis sur l’état du marché en prenant en compte des problématiques culturelles et sociétales très spécifique.

Leave a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *