“ Pour changer le monde, il faut savoir surpasser de nombreux défis”

 

Rencontre avec Alfonso, fondateur de PROT 3D

 

Comment en es-tu arrivée là ?

« Je m’appelle Alfonso, j’ai 27 ans, curieux et passionné depuis l’enfance par les montages électroniques et les expériences électromécaniques en tous genres, j’ai fait des études d’ingénierie électronique à l’Université supérieure de San Andrés en Bolivie. Par la suite, j’ai continué en tant qu’étudiant-chercheur et j’ai également été président de l’association scientifique étudiante. Dès mes 21 ans, guidé par la volonté d’entreprendre et le désir de mettre en pratique mes connaissances, j’ai développé en parallèle de mes études, plusieurs startups destinées à la production de dispositifs électromécaniques de toutes sortes. Cependant, mon dernier projet, Prot3D, est celui dans lequel je consacre le plus de temps et d’énergie.

Tout a commencé lorsqu’un bon ami a perdu sa main lors d’un accident. Je me suis rendu compte que les prothèses existantes sur le marché sont à un prix extrêmement élevé et qu’une extrême majorité des Boliviens ne peuvent pas s’en procurer. Passionnés par l’électromécanique je me suis mis à m’intéresser de plus en plus à la conception de prothèses efficaces, que les handicapés pourraient se procurer à un prix beaucoup plus accessible. Prot 3D parvient à minimiser ses coûts en produisant des prothèses exclusivement grâce à l’impression 3D. Après plusieurs années de recherche et développement, je suis parvenu à concevoir un modèle de prothèse mécanique coûtant 15 fois moins que les prix moyens du marché. Cependant, je suis encore en phase de prototypage, et cette prothèse n’est pas entièrement adaptable pour tous. Désormais, avec l’aide d’un collègue scientifique, nous sommes en bonne voie dans la création d’une prothèse myoélectrique, un système révolutionnaire qui actionne le mécanisme de la prothèse en utilisant les impulsions électriques produites par les muscles de l’avant-bras.

Ainsi, Prot3D permet d’améliorer la qualité de vie des personnes handicapées en leur proposant des prothèses abordables et entièrement adaptables utilisant la technologie de l’impression 3D. Cette initiative permet aux personnes en situation de handicap de se réinsérer plus facilement dans la société et de surpasser la perte d’un membre.

Nous avons participé avec succès à plusieurs concours qui nous permettent d’asseoir notre crédibilité et notre expertise ainsi que de sensibiliser la société à la cause du handicap. Nous avons notamment été nominé parmi les 10 meilleures innovations au concours « Startup de Altura Base Tecnologica » en 2016. »

 

Quelles ont été les plus grandes difficultés afin de lancer ton activité ?

« Le facteur de réussite le plus crucial pour une jeune structure comme la mienne, et qui demande des investissements importants, réside dans le financement. Malheureusement, il est quasiment inexistant en Bolivie et les potentiels investisseurs étrangers ne s’intéressent pas vraiment à l’économie de mon pays.

Ce manque d’investissement se répercute cruellement dans les processus de production notamment. Mes imprimantes 3D deviennent obsolètes et une pièce de prothèse prend en moyenne 36 heures à être fabriquée.

De plus, lorsque j’ai commencé à me lancer dans l’impression de prothèses en 3D, j’ai reçu beaucoup de critiques venant de personnes sceptiques sur la possibilité d’imprimer des prothèses bioniques à bas coût. Cependant, ne les ayant pas écouté et ayant persévéré dans le développement de mon concept, j’ai réussi à prouver à tous que cela était possible. »

 

Quels conseils pourrais-tu donner à un jeune entrepreneur ?

« Tout d’abord, je conseille à tous ceux qui ont un rêve depuis leur enfance de mettre tout en œuvre afin de parvenir à sa réalisation. Il n y a pas meilleure récompense que de concrétiser quelque chose que l’on idéalise depuis des années. 

Ensuite, il ne faut pas se laisser décourager par ce que peuvent dire certaines personnes sur le potentiel d’un projet. La meilleure façon de savoir si un concept est viable reste bel et bien de le concrétiser ! »

Merci Alfonso !

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